par Jean-Pierre Besse, notice créée le 20 juin 2003
La cour de justice instituée par l'ordonnance du 26 juin 1944 est la version miniature des cours d'assises traditionnelles. Elle juge les fautes les plus graves et se compose d'un juge et de quatre jurés tirés au sort parmi une liste de résistants établis par le CD L. La cour de justice de l'Oise commence à fonctionner en novembre 1944. A partir de 1er octobre 1945, elle est rattachée à celle de la Somme, ce qui soulève la vigoureuse protestation du CDL. La chambre civique est appelée à juger des délits de moindre gravité comme les adhésions à des organisations de collaboration et les attitudes hostiles à la Résistance passibles d'indignité nationale. Dans l'Oise, elle tient sa première audience le 28 décembre 1944.
Au niveau national, 126 020 personnes sont internées entre septembre 1944 et avril 1945 ; 36 377 sont libérées dans les premières semaines ; 86 589 dossiers sont transmis à la justice. 7 037 condamnations à mort sont prononcées dont 4 397 par contumace, il y a 767 exécutions ; 13 211 peines de travaux forcés à perpétuité, ou à un temps limité, sont prononcées et 40 249 peines de dégradation nationale.
Sources :
RIOUX Jean-Pierre, La France de la IVe République, l'ardeur et la nécessité, 1944-1952, Points Histoire, Points Histoire, Paris, Le Seuil, 1981, 314p - BESSE Jean-Pierre, La situation politique dans le département de l'Oise en 1945, Annales historiques compiégnoises n°61-62, automne 1995.
par Jean-Pierre Besse, notice créée le 20 juin 2003
A la fin de décembre 1944, 762 personnes ont fait l'objet d'un arrêté d'internement administratif au centre de séjour surveillé de Clermont. Le nombre augmente fortement en janvier avant de se stabiliser à partir de février légèrement au dessus de 900. Cela ne signifie nullement qu'il y a 900 personnes à Clermont, certains internés ont été entre temps libérés. En juillet 1945, par exemple plus des deux tiers des personnes ayant fait l'objet d'une décision administrative ont été remises en liberté par arrêté préfectoral.
Selon le rapport du préfet de juin 1946, la commission d'épuration du CDL a examiné 2 749 dossiers, 1 298 ont été transmis à la cour de justice, 244 à la chambre civique, 411 aux comités de confiscations et 766 (28% du total) ont été classés.
La chambre civique, de son coté, a prononcé deux-cent quatre vingt-dix-neuf indignités nationales et quatre-vingt-dix-huit interdictions de séjour et trente-trois confiscations de biens. Elle a classé neuf dossiers et prononcé soixante-dix-huit acquittements.

Maurice Segonds, alias Fouquet-Tinville,
rédacteur au Libérateur
(caricature du
Matin du 14 mai 1949).
Définition des cas d'indignité nationale
(d'après le Journal officiel)
1° Avoir fait partie, sous quelque dénomination que ce soit, des gouvernements ou pseudo-gouvernements ayant exercé leur autorité en France entre le 16 juin 1940 et l'installation sur le territoire métropolitain du Gouvernement provisoire de la République française;
2° Avoir occupé une fonction de direction dans les services centraux, régionaux ou départementaux de la propagande desdits gouvernements;
3° Avoir occupé une fonction de direction dans les services centraux, régionaux ou départementaux du commissariat aux questions juives;
4° Être devenu ou demeuré adhérent, postérieurement au 1er janvier 1941, même sans participation active, à un organisme de collaboration quel qu'il soit, et spécialement à l'un des groupements suivants : le Service d'ordre légionnaire, la Milice, le Groupe collaboration, la Phalange africaine, la Légion des volontaires français, la Légion tricolore, les Amis de la Légion des volontaires français, le Parti national collectiviste, le Parti fasciste, le Parti populaire français, le Mouvement social révolutionnaire, le Rassemblement national populaire, le Comité ouvrier de secours immédiat, le Service d'ordre prisonnier;
5° Avoir participé à l'organisation de manifestations artistiques, économiques, politiques ou autres en faveur de la collaboration ennemie;
6° avoir publié des articles, brochures ou livres ou fait des conférences en faveur de l'ennemi, de la collaboration avec l'ennemi, du racisme ou des doctrines totalitaires.
Arrêts de la Cour de justice
Condamnés à mort
Julien Delos, peine capitale, exécuté
Gérard Paisan, peine capitale, dégradation nationale et confiscation de ses biens (10 août 1945), exécuté le 13 octobre 1945
André Cauchemez, peine capitale (septembre 1945)
Robert Mesnard, peine capitale (septembre 1945)
René Dauchy, peine capitale, confiscation de ses biens, dégradation nationale, par contumace (septembre 1945)
Marcel Favart, peine capitale, confiscation de ses biens, par contumace (septembre 1945)
Lucien Joly, peine capitale, par contumace (septembre 1945)
Roger Laporte, peine capitale, par contumace (1er octobre 1945)
Claude Laporte, peine capitale, par contumace (1er octobre 1945)
Jean Deschamps, peine capitale, par contumace (1er octobre 1945)
René Lechopier, peine capitale (octobre 1945), pourvoit en cassation rejeté (novembre 1945)
Anicet Delheis, peine capitale, par contumace (novembre 1945), tué à Buchenwald
Yvonne Vincenot, peine capitale, par contumace (novembre 1945)
Georges Grandjean, peine capitale, par contumace
Robert Billa, peine capitale, par contumace
Jean Manin, peine capitale, par contumace
Roger Carré, peine capitale par contumace
Louis Da Costa, peine capitale, par contumace
Christophe Krestowikoff, peine capitale par contumace
Jacques Nugues, peine capitale par contumace (avril 1946)
Jean Backeland, peine capitale par contumace (avril 1946)
Maurice de Rycke, peine capitale par contumace (avril 1946)
Jeanine Amand, peine capitale par contumace, (avril 1946)
Condamnés aux travaux forcés (bagne)
Séraphin Wambach, 20 ans (juillet 1945)
Pierre Beauchamps, 20 ans et 20 ans d'interdiction de séjour, par contumace (juillet 1945)
Gaston Renard, 20 ans et 20 ans d'interdiction de séjour, par contumace (juillet 1945)
Edmond Poelger, 20 ans, 20 ans d'interdiction de séjour et confiscation de ses biens, par contumace (juillet 1945)
Léon Douls, 20 ans, 20 ans d'interdiction de séjour et indignité nationale (août 1945), jugement cassé puis confirmé (octobre 1945)
Louise Blin, 10 ans, 10 ans d'interdiction de séjour et indignité nationale (août 1945)
Frédéric Carchereux, 20 ans, 20 ans d'interdiction de séjour, indignité nationale, confiscation de ses biens (septembre 1945)
Maurice Vasseur, 20 ans, 20 ans d'interdiction de séjour (septembre 1945)
Emile Mesnard, perpétuité (septembre 1945)
André Monnier, 20 ans, 20 ans d'interdiction de séjour, indignité nationale à vie (septembre 1945)
Géo Rivenez, perpétuité et indignité nationale, par contumace (septembre 1945)
Guy Giraud, 20 ans, 20s d'interdiction de séjour et indignité nationale (septembre 1945)
Roland Rigaud, 20 ans, 20 ans d'interdiction de séjour et indignité nationale (septembre 1945)
Félix Cinqueux, 20 ans, 20 ans d'interdiction de séjour, par contumace (1er octobre 1945)
Raoul Dubourget, 10 ans, 20 ans d'interdiction de séjour, par contumace (1er octobre 1945)
Raymond Latour, 10 ans, 20 ans d'interdiction de séjour, par contumace (1er octobre 1945)
Roger Guilbert, 10 ans, 20 ans d'interdiction de séjour, par contumace (1er octobre 1945)
Albert Duflaux, 20 ans, 20 ans d'interdiction de séjour (1er octobre 1945)
Robert Manlay, 15 ans, indignité nationale (octobre 1945)
Simone Boulet, 15 ans, dégradation nationale (octobre 1945), pourvoit en cassation rejeté (novembre 1945)
Francis Toullin, 20 ans (novembre 1945)
Georges Payen, 20 ans, 20 ans d'interdiction de séjour (novembre 1945)
François Café, perpétuité (décembre 1945)
Jeanne Michel, par contumace (décembre 1945)
Paul Bouvy, par contumace (décembre 1945)
Pierre Schnel, par contumace (décembre 1945)
André Baillon, par contumace (décembre 1945)
Armand Deburre, 20 ans et 10 ans d'interdiction de séjour (décembre 1945)
William Cabiati, 10 ans, 20 ans d'interdiction de séjour et confiscation de ses biens (décembre 1945)
Camille Danner, 8 ans, 20 ans d'interdiction de séjour (décembre 1945)
Marcel Pascal, 20 ans (avril 1946)
Jacques Charlean, 20 ans (avril 1946)
Condamnés à la réclusion
M. Chantepie, 10 ans, 5 ans d'interdiction de séjour et à l'indignité nationale
Georges Tétard, 7 ans, 10 ans d'interdiction de séjour et confiscation de ses biens (juillet 1945)
Mme Coquel, 5 ans, 5 ans d'interdiction de séjour et l'indignité nationale (janvier 1945)
André Déan, 20 ans (avril 1946)
Condamnés à la détention
Alphonse Smessaert, 3 mois, 10 000 francs d'amende et indignité nationale (janvier 1945)
Mme Dammame, 3 mois et à l'indignité nationale (janvier 1945)
Victor Kerko, 3 ans, 10 000 francs d'amende (janvier 1945)
Camille David, 2 ans et 10 ans d'interdiction de séjour (janvier 1945)
Paul Gervaise, 5 ans et 20 ans d'interdiction de séjour (décembre 1945)
Georges Hérard, 3 ans (décembre 1945)