Front National

 Le Front national de lutte pour l'indépendance de la France
par Jean-Pierre Besse

Création
Créé au printemps 1941, le Front national de lutte pour l'indépendance nationale vise à réunir tous ceux qui souhaitent chasser les Allemands de France, renverser le gouvernement Pétain et se battre aux côtés des Alliés pour la libération du territoire. Conçu initialement selon le modèle du Front populaire pour regrouper toutes les organisations résistantes, il est en fait un mouvement de Résistance parmi d'autres. Il est porteur des conceptions générales de la Résistance communiste.
En fait, le Front national (FN), essentiellement dirigé par des militants communistes, cherche à élargir l'audience du parti au delà de ses zones d'influence traditionnelles.
Dans l'Oise, trois hommes sont à son origine : Edmond Léveillé, Pierre Auzi et Georges Jauneau. L'implantation départementale du mouvement est l'œuvre d'Edmond Léveillé qui parcourt les communes oisiennes pour y contacter ses anciens camarades de l'Ecole normale d'instituteurs (Roger Floury à Maignelay, Désiré Létolle à Lacroix-Saint-Ouen, Félix Gambier à Lardières pour ne citer que quelques noms).
Résultats de cette démarche, les dirigeants locaux du mouvement sont soit des militants communistes d'avant-guerre, soit des instituteurs.
L'influence du Front national grandit et touche des résistants jusque-là peu engagés politiquement comme Norbert Hilger dans le Noyonnais.

Organisation en 1944
En 1944, le Front national est divisé en quatre secteurs qui semblent épouser les limites des quatre arrondissements.
- le secteur de Beauvais, dirigé par Robert Dusert;
- le secteur de Clermont, dirigé par Georges Jauneau;
- le secteur de Compiègne, dirigé par Norbert Hilger et Robert Alexandre (secteur Est n°3);
- le secteur de Senlis, dirigé par André Decatoire

Le Front national coiffe en théorie les FTP mais ceux ci disposent, en fait, d'une grande autonomie.
Le responsable départemental du Front national, Pierre Auzi, se souvient avoir appris l'attentat contre l'ambassadeur De Brinon au Lys Chantilly quelques heures après sa réalisation.
Le Front national publie Le Patriote de l'Oise, journal clandestin qui a la parution la plus régulière dans le département et dont le tirage est le plus important.

Sources :
Archives Jean-Pierre Besse, publication, presse locale, documents remis par des résistants - La Résistance en France, une épopée de la liberté, réalisé par l'AERI, éditions Montparnasse mulimédia, 1997.

Liens :
•  Les enseignants
•  Le groupe Police

 

Récits journalistiques sur l'action du FN dans l'Oise


Le dernier mois, par Pierre Auzi, dit Michel


Coups durs (suite - extrait du Patriote de l'Oise du 8 septembre 1945)

C'est fortement handicapé que le FN abordait ce décisif mois d'août. Beaucoup de militants ne pouvaient plus le servir, du moins, momentanément. Jauneau, à force de faire le Jacques, avait dû quitter Saint-Just au moment précis où la Gestapo s'inquiétait de son matricule.

Avec son lieutenant Cuny, il menait, aux confins de l'Oise et de la Somme, une vie de cénobite (hum!) en attendant de réapparaître au moment des coups durs. Jusqu'alors nous l'avions toujours quelque peu envié parce qu'il trouvait le moyen de sillonner le département soit dans la voiture du Dr Caillard, avec des papiers scandaleusement en règle. C'est ainsi qu'il transportait jusqu'à des armes et munitions, comble de la témérité quand on connaît l'inflammabilité de Cuny, son pilote habituel. Floury, récemment évadé de Royallieu, devait se planquer aussi. Léonard, de La croix-Saint-Ouen, s'était enfoncé dans le brouillard perdant momentanément les contacts.

Malheureusement, la Gestapo avait pu mettre la main sur de nombreux et magnifiques combattants. Malgré d'absorbantes occupations professionnelles, le Dr Andrieu s'était lancé, dès les premiers mois de l'occupation dans la Résistance. Il sabota, comme bien l'on pense, les visites médicales du STO, puis, adhérant au parti communiste et au FN, entreprit une action plus positive. Au retour de raids sur l'Allemagne, au cours des bombardements de Creil, Saint-Leu et autres localités, de nombreux avions alliés tombèrent dans notre département, semant de ci et de là des parachutistes abasourdis blessés ou gelés ou brûlés. Les identifier, les recueillir, les soigner, les habiller, les nourrir n'était pas une petite affaire? D'autant plus que, dans la majorité des cas, seules les familles modestes acceptaient d'héberger ces envoyés du paradis d'un genre spécial. Le Dr Andrieu, non seulement les soignait, mais encore participait à leur récupération, à leur transport, et, payant d'exemple, en hébergeait plusieurs. Neuilly-en-Thelle devint un centre important pour le passage des parachutistes. Des bavardages ou des dénonciations alertèrent la Gestapo. Andrieu fut arrêté, ainsi que son fils, l'abbé Duchemin, Léculier. Après un séjour à la caserne Agel, ces derniers furent relâchés, mais le Dr Andrieu fut transporté à Royallieu, puis, de là, déporté en Allemagne où il devait trouver la mort après un long martyre. son arrestation fut d'autant plus cruellement ressentie qu'il venait d'être désigné pour représenter les FTPD à l’État-major départemental des FFI. Dans notre secteur de Compiègne, nous éprouvions également des pertes sensibles. Norbert était arrêté, ainsi que Mercier de Noyon. Nous avons eu le plaisir de les voir revenir des horribles camps d'Allemagne, d'autres, malheureusement, y sont morts comme Jean Dupuis, instituteur à Wavignies, responsable départemental à l'organisation, et Blot, qui avait organisé les cheminots de Beauvais.

Malgré tout, nous tenions bon et réagissions assez vite aux coups qui nous étaient portés. Si, à Saint-Just, Julien Sorel restait livré à lui-même, nous avions pu rétablir les contacts, par Émile, avec Gabriel Leclerc, de Compiègne. A Beauvais, Dusert et Chamagne, s'excitaient à multiplier les sabotages et à organiser les maquis de prisonniers russes évadés. A Senlis, Décatoire groupait aussi des Russes qui, n'ayant ni couteaux, ni enfants à se mettre sous la dent, consommaient du boche avec enthousiasme. Avec eux combattaient des Français qui ne seront jamais des journalistes anti-soviétiques. Petillot se multipliait à Liancourt, tandis qu'à Nanteuil, le FN parachevait sa solide organisation sous l'active impulsion de Paren et de Roux. A Chambly, Barret avait bien en mains les cheminots de Moulin-Neuf et les réfractaires de Bornel. Par ailleurs, Thiesnard, passablement emballé, depuis une réunion clandestine chez Galey, rêvait de regrouper les instituteurs et, sous la rude frottée des événements, de faire renier les nuées sophistiques du pacifisme intégral.


A l'action (suite - extrait du Patriote de l'Oise du 12 septembre 1945)

Fort heureusement, la crise des cadres se conjurait assez rapidement dans l'action qui faisait sortir de nouveaux chefs. Dès sa création, le FN avait lutté contre l'attentisme, conte les théoriciens de l'indéfinissable jour. Aux stratèges en chambre, aux thésauriseurs d'armes, il opposait les magnifiques résultats obtenus par les FTPF, portant à l'ennemi des coups sensibles. Aujourd'hui, tout un chacun se vante d'avoir négligé sur la route une épingle qui a peut-être crevé le pneu du cireur du feldwebel ou d'avoir démoralisé plusieurs escouades SS en confiant à une pissotière municipale et protestataire qu'Hitler était le dernier des salauds. Mais à l'époque, la plupart des ces résistants pesaient minutieusement le pour et le contre de chaque action et, finalement, ont bien compté, mesuré, pesé les conséquences énumérées, les représailles envisagées, prenaient leurs pantoufles et écoutaient en sourdine les messages de Londres.

Malgré les "conseils" de ces velléitaires timorés, nos groupes de FTP multipliaient les actions victorieuses contre les boches. Ce mois d'août allait donc les trouver parfaitement entrainés, toujours résolus.

Les détachements "Jacques bonhomme", "Valmy", "Patrie", Grand-Ferré", "Soldat de l'An II", "Gaston Fournival", se surpassèrent. A leurs côtés, les groupes du FN transformés depuis avril-mai en groupes de combat, improprement appelés groupes de réserve, menèrent une action fort efficace. Les distinctions théoriques qui existèrent sur le papier, entre les FTPF, les groupes de réserve et les milices patriotiques s'effaçaient chaque jour davantage. Le CDL avait lancé, sur des intentions venant de Paris, l'ordre de grève générale dont l'application devait d'ailleurs se subordonner aux circonstances. Parallèlement, l’État-major des FTPF multipliait ses ordres de sabotage qui furent également exécutés par les groupes du FN.

Comme à l'habitude, les locomotives posaient leur chique tandis que les wagons jouaient à saute-mouton. Les dépôts allemands se purifiaient par le feu, pendant que sans purification, certains collaborateurs allaient s'expliquer avec le Très-Haut. Depuis juin, des sabotages nouveaux étaient pratiqués. Les bornes Michelin s'émegaient de goudron, les poteaux indicateurs permettaient des ferrailles biscornues ou plutôt quadricornues perforaient les pneus des voitures allemandes, des arbres barraient les routes empruntées par les convois.

Mais le combat ne devait pas faire négliger  d'autres problèmes très importants. Celui des planques était particulièrement pressant. Les nuages continuaient à exprimer des parachutistes alliés, les camps de prisonniers perdaient leurs pensionnaires sud-africains ou russes. Les maquis envisageaient avec faveur le retour à la terre, les "terroristes" devaient trouver gite et sécurité. Il faut lui rendre hommage à la population toute entière qui a permis que des milliers d'hommes et de femmes en situation irrégulière puissent vivre insaisissable au milieu des Allemands et de leurs auxiliaires de la milice. Félicitons tout spécialement ceux des gendarmes qui bien souvent dans des situations délicates, surent accomplir leur devoir de patriotes, les paysans qui, sans forfanterie, s"ingénièrent ç camoufleur les réfractaires. Le problème des cartes d'alimentation n'avait plus la même acuité. "faire" une mairie était devenu une opération banale, un travail de débutant terroriste. Il nous arrivait d'avoir suffisamment de titres pour en faire profiter des femmes de prisonniers. Et aussi, il faut féliciter les secrétaires de mairie qui très souvent se prêtaient de bonne grâce au scénario de l'agression. il convient également de souligner, pour les balandarria Vichyssois, émule du général de Damartin, que depuis la libération, aucune mairie n'a été cambriolée. La preuve est donc faite qu'il ne s'agissait pas, comme le laissaient entendre des bonnes âmes nazifiées de gangstérisme, mais de patriotisme.


Le CDL clandestin (suite - extrait du Patriote de l'Oise du 15 septembre 1945)

Le CDL tint en août cinq séances importantes et par les sujets traités et par le nombre inhabituel des participants. En effet, jusqu'ici, il ne comptait guère, le plus souvent, que les représentants de la CGT, de l'UFF, du parti communiste, des Forces unies de la jeunesse et du Front National. Nos amis de Libé-Nord et du parti socialiste étaient venus, eux aussi, à quelques réunions.  Quant à l'OCM, elle se dérobait obstinément, prétextant que, malgré son titre, elle ne s'intéressait qu'aux questions militaires. Un tract dénonçant cette attitude avait été rédigé d'un commun accord par Libé-Nord et le FN. Tapé sur un stencil, je n'eus pas à le ronéotyper. Jauneau ayant voulu que l'on tienne compte de la participation, enfin obtenue, de l'OCM aux travaux de l’État-major FFI. Au cours du dernier mois, toutes les organisations furent plus régulièrement représentées, et l'on vit venir le partir radical et enfin l'OCM.

LLe 9 août, le CDl se tint à Liancourt, dans un atelier de mécanicien, chez M. Sarrouille, découvert par Pétiliot. L'état-major FFI - le commandant Monturat et son adjoint Rogette - était venu prendre les contacts nécessaires. Le docteur Caillard, de Saint-Just, vint rendre compte de l'organisation et de travaux de la commission sanitaire qui, sous son impulsion, avait obtenu de satisfaisantes réalisations, et qu'il venait de passer sous la responsabilité du docteur Délie.

Mais la désignation d'un préfet et de sous-préfets provisoires ai moment de la libératin était la question la plus importante à débattre. Je mis en avant le nom du docteur Turotte, détecté par nos amis de Beauvais. Mais Chardeau fit des réserves alléguant les liens d'amitié unissant Turotte à une personnallité beauvaisienne dont la famille comportait des collaborateurs notoires et il proposa M. Maline, secrétaire général de la Préfecture, recherché par la Gestapo. Je fis une opposition de principe. Nous n'étions pas habiles, dis-je, en substance, à désigner un fonctionnaire et nous n'avions pas àà tenir compre des mérites administratifs du candidat. C'était, avant tout,  un agentpoolitique que nous devions proposer au gouvernement. La question fut ajournée, mais nous nous mîmes d'accord sur l'attribution des sous-préfectures, la proposition du FN étant adoptée. Le secrétariat général revenait à Libé-Nord, qui pensait à M. Crosnier ; Clermont à l'OCM (nommément M. Fleury); Compiègne et Senlis au FN, avec comme titulaires Léonard Osset, technicien à La Croix-Saint-Ouen, et André Barret, cheminot à Chambly.

Disons de suite que ces propopositions n'eurent de suite qu'à Clermont. A Beauvais, Crosnier se récusa préférant garder son portefeuille d'assurances. A Compiègne, on alla trouver Léonard, on lui remontra qu'il n'était pas licencié en droit, aurait un travail monstre auquel il n'était pas préparé, et l'on obtînt de lui qu'il renonçât au poste, dont le titulaire fut vite trouvé par un bienpensant et mieux-agissant comité local. des témoignages , habilement sollicités permirent de conserver le sous-préfet de Senlis, et Barret resta cheminot comme devant. Quant à moi, avec mes propositions adoptées mais non exécutées, j'ai plutôt bonne mine.

Le CDL qui se réunit le 16 août dans une petite maison près du cimetière de Clermont, devait trancher la question du préfet. En dehors des  membres déjà connus, on vit pour la première fous Froment, du parti radical, Bouslet, du parti socialiste. Le représentant du FUIP était un nouveau, Noël Ruffier, qui fut tué quelques jours plus tard dans le massacre de Château-Rouge. Gossein (le commandant Schmidt) arriva quelque peu en retard et nous annonça que la Préfecture de l'Oise avait un titulaire que nous ne tarderions pas à connaître. Nous fûmes quelque peu surpris de n'avoir pas été consulté pour cette nomination, mais au fond nous l'acceptâmes comme mettait un terme à des discussions épineuses avec une relative satisfaction. Il faut dire aussi que le petit noyau actif, mais naïf, du CDL, considérait cette question comme secondaire. Il pensait que le préfet n'aurait, dans le nouveau régime, qu'un rôle représentatif et que le travail de direction et d'impulsion appartiendrait au CDL, sorte de comité de salut public. Ainsi, tout comme d'éminents hommes d’État de la 3e République, nous nous trompions lourdement. C'est ce que concrétise la motion que je fis adopter à cette séance:
"Le CDLN, dans sa séance du 16 août 1944, considérant l'évolution rapide des événements et l'approche de la libération, décide de se constituer en Conseil de Préfecture qui, dès maintenant, se substitue à l'administration vichyssoise.

Son rôle essentiel est d'assister le Préfet, désigné par le Gouvernement provisoire de la République. Il  gérera les intérêts du gouvernement en exerçant les pouvoirs qu'il détient du CNR et qui  seront limités en étendue et en durée par des lois constitutionnelles de la 4e République.

1° Dès maintenant, le Conseil de Préfecture proclame à tous les les échelons, la déchéance des représentants (fonctionnaires d'autorité) du gouvernement usurpateur de Vichy et, en conséquence, il invite les fonctionnaires à intensifier le sabotage des ordres reçus de l'administration vichyssoises et à appliquer les consignes qui leur seront données par les représentants légitimes du gouvernement d'Alger;

2° Il destitue les municipalités nommées par Vichy et celles qui, régulièrement élues on collaboré avec l'ennemi.

Les FFI sont chargés d'assurer la sécurité de l'exécution des présentes décisions (Le conseil de Préfecture)".


(suite -  extrait du Patriote de l'Oise n°104 du 19 septembre 1945)

Le 23 août, le CDL se réunit dans la capitale des fossiles, à Bracheux. Pour les Beauvaisiens, c'était un but de promenade bourgeoise, mais pour les autres, il en était autrement. A Saint-Félix, des soldats allemands peu portés sur les principes de l'économie politique échangèrent mon vélo presque neuf contre une bécane antédiluvienne qui me permit néanmoins d'aller au rendez-vous. La veille, Dervillé, de la CGT, avait eu sa bicyclette confisquée à Mouy, et il avait pu se rendre à pied à Bracheux. Martins, du parti communiste, Simoine, de l'UFF avaient eu la même mésaventure mais retenus longtemps par les doryphores, ils ne purent se rendre à cette réunion. Noël Ruffier, lui, était de service au maquis de Château-Rouge.

Outre Dervillé et moi-même déjà cités, assistaient à cette réunion: Bourlet, de Ridder Froment, Chardeaux, Schmidt. Après un repas copieux servi par une aimable hôtesse, arrivèrent MM. monturat, Rogette, Wallon et Pérony. Alors commença une discussion assez vive. Le commandant Monturat se plaignit d'baord de ce que son état-majoor n'ait pu établir, comme convenu, des contacts avec les FTPF. Je lui répondis que eds représentants FTP avaient été désignés mais que seuls les événements avaient pu empêcher les rencontres utiles. Je pris également sur moi de désigner les responsables FTP chargés de collaborer dans l'arroondissement de Beauvais avec Chardeaux. Je Pensais à Chamagne. Au nom des FTPF, je dois à la vérité de dire que ceux-ci étaient réticents à l'égard de certains FFI dont l'absentéisme resolu était à peine entamé par le cours précipité des événements. Au cours d'une réunion commune tenue  à Clermont lors du débarquement, et à laquelle assistaient pour le FN et les FTPF le docteur Andrieu, Jauneau et moi-même. Nous avons été un peu déçu de l'insuffisance du programme d'action concrête à mener contre l'ennemi. Il y avait biien un fameux "plan vert" au un autre plan "tortue" compoortant un petit nombre de sabotages ) exécuter sur les indications de la radio interalliée. Cette résistance auriculaire ne pouvait suffire aux FTPF. Néanmoins, après l'arrestation de M. Andrieu, Lelong (Bernier) dur délégué à l'état-major FFI et moi-même j'eus de nombreux contacts avec le représentant du colonel Rol, Prieur, qui n'était autre que Cohen, professeur à la Sorbonne.
Bref, en plus des opérations FFI que nous nous engagions à accomplir, nous nous réservions d'atteindre un plus grand nombre d'objectifs.
Cette question réglées, Wallon se présenta comme le délégué du CNR chargé de mettre sur pied le CDL; de faire procéder à la nomination de son bureau et de l'élargir. Selon lui, le CNR ignorait que le CDL existât. Je protestai vivement, rappelant que notre organisme était créé depuis plusieurs mois, qu'il avait manifesté son existence en publiant plusieurs tracts ou appels à la population, et en désigant son bureau dont j'étais le président? Le protestai également contre l'élargissement du CDL, que j'estimai pour le moins prématuré puisque nous ne pourrions de but en blanc fournir des noms de personnalités. malgré cela, on élit le président qui fut, sur ma proposition, le commandant Schmidt, et l'on envisagea la coopération de certaines personnes.

 Le lendemain samedi, nous nous réunîmes à Beauvais pour essayer de mettre au point certaines questions. Je présentai Chamagne à Monturat et Chardeaux et, sur le champ, ils étudièrent les modalités de leur coopération. Le soir même, je repartis et me fis arrêter par des SS cantonnés au Tillet, près de Cires-les-Mello. Fort heureusement, ils ne trouvèrent pas les documents dont j'étais porteur, et me laissèrent aller. Le surlendemain, nouvelle réunion à Marissel chez Bourlet, où il fut longuement question de l'élargissement du CDL. Comme la discussion semblait tourner à la cuisine politicienne, je m'en désintéressait passablement: les événements militaires sollicitaient trop notre attention pour perdre un temps précieux à définir le sympathisant à la cause de la Résistance.

Le dimanche, Roland vint me chercher sur sa motobécane. Une bienheureuse panne nous immobilisa une heure, ce qui fit que nous ne fûmes pas pris dans la fusillade de Château-Rouge. Nous passâmes près des corps que la population chérissait; j'étais loin de penser que parmi eux se trouvait celui du jeune Noël Ruffier, membre du CDL.

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Mon départ de Beauvais était imposé par la nécessité de reprendre contact avec le comité directeur du FN, surtout de suivre la diffusion du dernier "Patriote" clandestin. Auzi.

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