Jeunesses Communistes

Les Jeunesses communistes
par Jean-Pierre Besse

On retrouve, pour les organisations de jeunesse proches de la Résistance communiste, les mêmes difficultés que pour les autres organisations relevant de cette Résistance : confusion entre responsables interrégionaux et responsables régionaux, entre les divers responsables de la direction, à quoi il faut ajouter une assimilation abusive des éléments armés des Jeunesses communistes aux FTP.
Selon le témoignage d'Eugène Kerbaul, lors du colloque "Libération de la France" (qui s'est tenu les 12-13 octobre 1984), à la tête d'une interrégion, il y a un responsable politique. Il est assisté d'un inter-masse, qui s'occupe des organisations larges : FPJ (Front patriotique de la jeunesse), UJFP (Union des jeunes filles patriotes), UJPP (Union des jeunes paysans patriotes) etc... et des FUJP (Forces unies de la jeunesse patriotique), après la création de cette organisation au printemps 1944, d'un responsable à l'organisation (le cadre), d'une responsable Jeunes filles et d' agents de liaison. A la veille de la Libération, il y a aussi un responsable interrégional des Jeunes FTP.
L'interrégional JC rencontre un dirigeant national une ou deux fois par mois et il reçoit des directives tout en bénéficiant d'une assez large autonomie. Pour ce qui relève de la politique générale du parti et des problèmes régionaux, il est en contact avec l'interrégional du PC, le grand patron de l'interrégion. L'inter JC rencontre aussi le responsable national des FUJP ou encore les interrégionaux Femmes, Front national et le colonel commandant les FTP. Le passage de jeunes aux FTP est un des problèmes les plus importants à résoudre, de même, celui des rapports entre groupes de choc JC et FTP locaux.
L'inter JC a des contacts avec les responsables régionaux (départementaux). Chacun des régionaux a un adjoint "masse", un responsable à l'organisation auxquels s'ajoute une responsable Jeunes filles, il aussi des contacts avec le responsable du parti dans le département. Le département est divisé en secteurs.

Sources :
Actes du colloque Libération de la France , 12-13 octobre 1984, publication.

Les Jeunesses communistes dans l'Oise
par Jean-Pierre Besse

Les Jeunesses communistes (JC) ont fourni les cadres de l'OS puis les gros bataillons des FTP. Elles ont toutefois une activité spécifique qu'il est plus difficile d'appréhender. Si ce que l'on appelle, improprement, le détachement Daniel Llacer, qui agit dans la région Méru-Mouy-Liancourt est connu, en revanche, pour les autres régions nous savons peu de choses en raison, on le sait, de la confusion entre appartenance aux diverses organisations.
Grâce aux archives de Jean Collet, alias "Guillou", interrégional JC de janvier 1944 à la Libération, nous sommes cependant mieux renseignés.
Il existe, en mai 1944, 19 secteurs qui regroupent 111 membres (Mouy et Laigneville sont les plus nombreux). Le rapport de Jean Collet signale les difficultés des JC à toucher les usines : "nous nous heurtons le plus souvent à la méfiance des adultes qui aboutit à freiner ou interdire leur participation à l'action illégale". Il signale que les JC ne militent dans aucun groupement paysan et qu'il existe six comités d'aide aux réfractaires. Il critique plusieurs fois le responsable politique régional qui "semblait incapable d'assumer toutes les tâches d'une direction régionale parce qu'ayant monté lui aussi très vite, ayant été débordé, il avait tendance à négliger certaines tâches comme les FUJP". Il annonce son remplacement par l'ex-responsable à l'organisation de la Seine-Inférieure qui n'est autre que Roland Leroy, futur directeur de L'Humanité, connu dans l'Oise sous le pseudo de "Paillard" ou "Alain". Le responsable à l'organisation devient technique et un nouveau responsable à l'organisation est "passé par le PC". Enfin, toujours selon ce rapport, 22 JC seraient passés aux FTP. Nous apprenons enfin le tirage de 700 exemplaires du Jeune patriote de l'Oise, la région possédant un responsable technique, une ronéo, trois machines à écrire, un stock de papier. Le PC devant fournir encre et stencils, la pâte à polycopier venant de Mouy. Les secteur de Montataire et Laigneville possèdent une imprimette.
Le rapport de juillet est rédigé alors que la direction départementale est en pleine reconstitution. L'échec d'une tentative de prise de tickets d'alimentation à Précy-sur-Oise, fin juin, a entraîné l'arrestation du responsable à l'organisation (Robert Gruny) et de celui des Forces unies de la jeunesse patriotique (René Lagnel). Ce dernier parle.
Dans les jours qui suivent, une vague d'arrestations se déroule à Liancourt. Le politique, Roland Leroy, est obligé de quitter le département, il est nommé en Seine-Inférieure, le responsable aux masses Cozette est grillé et doit être déplacé. Raymond Debon, ex-inter des FUJP devient politique. L'interrégion envisage enfin de remplacer le recruteur, "Max", qui doit partir, par Victor Fournival. Selon ce rapport, il y aurait 191 membres des JC , les secteurs de Thourotte et Mouy sont les plus nombreux.

Sources :
Archives Jean-Pierre Besse, publication, presse locale, documents remis par des résistants - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Cozette André, 4 avril 1996, témoignage - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Debon Raymond, 12 juillet 1995, enregistrement cassette audio - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Leroy Roland, 11 mai 1994, enregistrement cassette audio.


Les interrégionaux des Jeunesses communistes
par Jean-Pierre Besse

Jacques Fillon
Le premier responsable interrégional des Jeunesses communistes qui nous est connu est Jacques Fillon. Né en 1920 à Vincennes, il arrive dans l'Oise en mai 1942, après avoir eu des responsabilités à Paris-Sud puis en Seine-et-Oise. Sans doute est-il à l'origine de la parution de La Voix des Jeunes de l'Oise, journal du Front national des jeunes, dont le numéro 2 est daté du 20 août 1942. Jacques Fillon, alias "Arthur", reste jusqu'à son arrestation à Amiens en avril 1943. Il déclare travailler sous le contrôle de Pierre Gaudin, alias "Roger", puis Auguste Delaune, alias "Raoul", responsables interrégionaux du PC, et confirme que Maurice Genest est le responsable régional du PC.
Il écrit : "Je ne me souviens pas d'avoir trouvé à cette époque une organisation bien charpentée au point de vue départemental (bien que des groupes existent)", et il ajoute "afin de coordonner tout cela, quelques mois plus tard je mute Claudine Petit, alias "Michèle", de la Somme dans l'Oise où elle s'efforcera d'y réaliser ce travail".
Née à Paris en 1920, étudiante en sciences, Claudine Petit a eu précédemment des responsabilités pour les Jeunes filles dans le Calvados et la Somme. Elle confirme être arrivée dans l'Oise en octobre 1942. Elle se souvient de l'existence de groupes à Chambly, Creil, Compiègne, Crépy-en-Valois, Liancourt et Beauvais. Claudine Petit est arrêtée à Chambly par la gendarmerie de Persan-Beaumont avec Raymond Vasseur et René Didelet. Incarcérée à la gendarmerie de Neuilly-en-Thelle avec ses deux camarades, elle est libérée par des hommes du détachement FTP Patrie avec le complicité des gendarmes, qui avaient oublié de fermer la porte de la pièce où ils étaient enfermés. Elle est alors mutée en Eure-et-Loir.

Henri Lefèvre
Deuxième interrégional que nous connaissons, Henri Lefèvre, alias "André". Né à Paris en 1921, il arrive, venant d'Eure-et-Loir, en avril 1943. C'est lui qui met sur pied réellement les groupes armés. Les témoignages signalent : "Constitution de l'état-major régional des jeunes réservistes en juin 1943". Henri Lefèvre est arrêté à la suite de l'affaire de Mogneville, fin septembre 1943, et déféré au parquet de Clermont, en octobre 1943, comme secrétaire du Front patriotique de la jeunesse.

Jean Collet
Il y a un vide d' octobre 1943 à janvier 1944. En janvier 1944, Jean Collet, alias "Guillou", est affecté à la responsabilité politique des JC sur l'interrégion Normandie-Picardie, il y demeure jusqu'à la Libération. Né dans l'Ille-et-Vilaine en 1921, étudiant, Il a écrit : "Depuis le début 1944, j'étais assez souvent hébergé à Liancourt, dans le bassin industriel de l'Oise, le long de la voie ferrée qui reliait Paris à la région Nord. Une famille de patriotes m'accueillait dans son pavillon, à la sortie de l'agglomération, en haut de la côte, sur la route de Mouy. Ce pavillon avait l'avantage, en cas de visite indésirable, de donner par ses arrières directement sur les bois. Je logeais aussi, surtout les derniers temps, après l'arrestation à Liancourt d'une trentaine de jeunes communistes, ce qui avait démantelé notre organisation locale, à Sainte-Geneviève, près de Noailles".

Sources :
AD Oise, 33 W 8 351 - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Fillon Jacques, 20 avril 1990, enregistrement cassette audio, témoignage écrit - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Petit Claudine, 22 juin 1989, enregistrement cassette audio - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Debon Raymond, 12 juillet 1995, enregistrement cassette audio - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Collet Jean, 22 mars 1992, enregistrement cassette audio - Collet Jean, A vingt ans dans la Résistance 1940-1944, Saint-Etienne, Graphein, 1999, 165p.
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