Maquis de la Coupille-Aisne

Le maquis de la Coupille (Saint Algis, Aisne)

 

L’histoire du maquis de Saint-Algis est liée à celle d’Arnaud Bisson, résistant de l’Oise. Recherché par la police allemande en raison de son activité dans la résistance, il trouve refuge à Saint-Quentin (Aisne) avec sa famille en juillet 1943.


Le chef du BOA de l'Aisne

Arnaud Bisson devient l’adjoint de Pierre Deshayes (alias Rod, Jean-Pierre et Tommy gun), chef régional du BOA de la Région A jusqu’à la fin janvier 1944, date à laquelle ce dernier est remplacé par Robert Aubinière (alias Amiral). L’arrestation d’Amiral le 14 avril 1944 conduit Rod à reprendre du service aidé par Jean Vimont (alias Vicary, Moine).

A la même date, Arnaud Bisson dirige le BOA de l’Aisne. Secondé par Edmond Bricout (alias Fontaine), Jean Merlin et André Dodart (alias Seigneur), il participe à 18 parachutages d’armes et de postes radio, au sabotage de vannes d’écluses sur le canal de Saint-Quentin et à trois sabotages de chemin de fer.

Arnaud Bisson (alias Henry, Dupré, Meunier), organise le secteur de la Zone A5. Il a à ses côtés des camarades de l’Oise : Marc Grether, son secrétaire et agent de liaison ; Marcel Anonepel, son chauffeur ; Camille Annoepel, son radio. D’autres résistants opèrent à ses côtés, tel Pierre Mercier, comme agent de liaison, mais aussi des gendarmes comme Edmond Bachimont, André Droit et Hector Polvent.

Son PC est hébergé chez M. et Mme Bouvart (alias Ma Tante), au n°2 de la rue de l’Epargne à Saint-Quentin. Outre les réunions, de nombreuses émissions radio y sont faites.

Arnaud Bisson.

Camille Annoepel

Pierre Deshayes.

Marcel Annoepel.

La constitution du maquis de Saint-Algis

En avril 1944, Arnaud Bisson décide de quitter Saint-Quentin pour créer un maquis près de Saint-Algis. Il installe son PC le 1er juin dans le moulin de la Coupille, appartenant à M. et Mme Armand.

Le maquis réceptionne les parachutages et entrepose le matériel dans plusieurs caches.

Au volant de sa traction avant 7 CV Citroën, Arnaud Bisson livre les armes vers les secteurs ouest du département et dans les départements voisins.

Le 30 juin, un transport d’armes est organisé pour Sains-Richaumont. La voiture, conduite par Florent Dubuisson, a à son bord Marc Grether, le jeune frère du capitaine Merlin et Arnaud Bisson. Tandis que la voiture roule vers Lemé, un barrage allemand l’arrête. Un des passagers ouvre le feu. Les Allemands ripostent. Arnaud Bisson est tué et le jeune Merlin blessé. Pris de panique, les résistants abandonnent le véhicule et parviennent à d’échapper, laissant le corps de leur chef dans un chemin creux près de la rue de Faucouzy. Le corps d’Arnaud Bisson n’est trouvé que le surlendemain et inhumé dans un caveau d’une ferme abbatiale du village située dans une pâture de la famille Péreaux. Les FTP locaux parviennent à récupérer les armes et une équipe du maquis reprend le véhicule. Edmond Bricout lui succède comme chef du BOA de l’Aisne.

Au PC du moulin de la Coupille. De gauche à droite :

René Fortier, Georges Armand (propriétaire du moulin), Georges Caron, Lobry, Arnaud Bisson, Edmond Bachimont et Alfred Carpentier.

Au PC du moulin de la Coupille. Dans le camion, Arnaud Bisson tenant le drapeau tricolore orné de la croix de Lorraine. Les camarades du maquis l'entourent.

Au PC du moulin de la Coupille. De gauche à droite : Arnaud Bisson, Marcel et Camille Annoepel et Florent Dubuisson.

Au PC du moulin de la Coupille. De gauche à droite : Arnaud Bisson, Marcel et Camille Annoepel et Florent Dubuisson.

Au PC du moulin de la Coupille. scène de rasage près du poste radio.

Au PC du moulin de la Coupille. Simulation de tir sur cible.

L’attaque du Maquis

Dans la nuit du 5 au 6 juillet 1944, sept à huit tonnes d’armes et de matériels sont parachutées dans le secteur de Saint-Algis par deux avions. Les équipes au sol récupèrent les conteneurs et les dispersent dans plusieurs dépôts.

Le 7 juillet 1944, vers 9h00 du matin, le chef régional du BOA accompagné de son adjoint arrivent avec une camionnette au PC du moulin de la Coupille. Ils viennent prendre du matériel et des armes pour remplacer leur stock perdu lors d’une attaque allemande.

Une heure plus tard, le chargement du véhicule achevé, les maquisards reprennent leur activité. Les deux radios commencent leur émission.

Mais à 10h20, le guetteur, Gaston Baron, posté à 1 km, surgit et alerte ses camarades : quatre voitures allemandes ont pénétré dans le village. Il indique aussi que des camions allemands venant d’Hirson, de Vervins et de Guise sont en approche.

Les maquisards s’agitent. Une carte est déployée. Le chef de zone dit à Frick de partir rapidement. Les quatorze hommes présents rejoignent leur poste de combat. Parmi eux, Gaston Baron, Jean Merlin, Florent Debuisson, Marcel Annoepel, Camille Annoepel, André Droit, Hector Polvent.

A 10h30, le gendarme Bachimont placé en sentinelle voit avancer sur lui des civils. Ce sont des Allemands. Il reçoit une balle dans le poumon droit.

Pendant ce temps, les Allemands encerclent le moulin de la Coupille. Des mortiers sont tirés. Le combat

Vers 11h00, les résistants parviennent à envoyer un message radio demandant un appui de la RAF.

Le combat se poursuit. Vers 11h15, le capitaine Jean Merlin tente une sortie et est blessé. Il donne l’ordre de détruire le matériel, les armes et les munitions.

Florent Debuisson est capturé. Marcel Annoepel, André Droit et Hector Polvent sont tués.

Du côté allemand, on dénombre douze morts et dix-neuf blessés graves.

Le 31 août, Saint-Algis connait une nouvelle tragédie avec l'assassinat du jeune Gabriel Dudin par des SS.

La mémoire du maquis de la Coupille

Le 8 juillet 1945, un monument commémorant l'attaque du maquis est inauguré et porte l'inscription : " A la mémoire de 5 héros de la Résistance membres du bureau des opérations aériennes tombés pour la libération du pays tombés glorieusement le 7 juillet 1944 au cours de la défense du maquis Héritiers des grandes traditions françaises 14 soldats de la Résistance ont soutenu le 7 juillet 1944 au moulin de la Coupille situé à 250 m d’ici un combat héroïque contre la Gestapo et d’importantes forces allemandes qui ont subi des pertes sensibles : 12 morts et 19 blessés graves Quatre résistants ont été tués : ils sont morts pour notre liberté ».

Le nom d'Arnaud Bisson sera associé en tant que chef départemental du BOA mort en mission.

En hommage aux gendarmes tués le 7 juillet 1944, la 455e promotion de gendarmerie de la l'école de Chaumont (Haute-Marne) prendra le nom "Ceux du maquis de la Coupille".




Sources:

Le Maitron, article de Frédéric Stévenot - Livret d'exposition Héros trop oubliés de la Résistance à Saint-Quentin, Généalogie Aisne, 2021 - Archives Colette Annoepel

La cérémonie inaugural du monument le 8 juillet 1945.

Le monument de la Coupille en 1945.

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