Maquis-La-Croix-Saint-Ouen_Basse-Queue

Le maquis de la Basse Queue à La Croix-Saint-Ouen

par Jean-Pierre Besse

 

L’existence de ce « maquis » situé au sud de La Croix-Saint-Ouen est attestée par un rapport de Léonard Osset, alias Vengeance (matricule 34bis), publié par Emile Hérisson dans son ouvrage « La Croix Saint-Ouen, mon village ». Né le 23 août 1944 à la suite de la désertion de cinq engagés russes, ce « maquis refuge » est attaqué par les Allemands deux jours plus tard à la suite d’un mauvais concours de circonstances.

 

« Le mardi 22 août courant, 5 Russes engagés dans l’armée allemande et faisant partie de l’unité L. 10101 cantonnée au château de La Croix Saint-Ouen me sont signalés comme déserteurs.

Ces 5 Russes étaient porteurs de leurs armes et cartouches, et d’un pistolet du genre parabellum Matricule 40.

Dans la soirée du mercredi 23 août 1944, ces 5 Russes sont dirigés sur le maquis, poste forestier abandonné de la Basse-Queue, forêt de Compiègne, à la sortie sud de La Croix-Saint-Ouen. Le jeudi 24, aménagement du maquis. Ces 5 soldats étaient décidés à faire partie du maquis et à faire le coup de feu contre les Allemands.

Mon intention était de leur adjoindre 5 Français nécessaires à l’encadrement (…)

Le jeudi 24, la formation allemande occupant le château (L. 1010) avait quitté son cantonnement pour une destination inconnue, Belgique probablement. Le vendredi 25, à 12 heures, je suis prévenu par Mme Colmont qu’un soldat allemand de la formation 10101, parti en mission en camion à Paris, était revenu à son cantonnement et l’avait trouvé vide. Mme Colmont connaissait ce soldat, l’avait invité à déjeuner, ceci afin de nous laisser établir notre dispositif pour procéder à la capture de ce soldat. Cette personne (Mme Colmont) était au courant de notre intention.

A 14 heures ½, Raymond, Le Drop, Flamant, du groupe d’action, m’accompagnent au domicile de la personne en cause. Là, Flamant, servant d’interprète, engage la conversation avec l’Allemand et lui donne l’ordre de le suivre. Le soldat refuse d’obéir ; nous sortons nos revolvers et lui faisons comprendre qu’il est notre prisonnier, en lui expliquant qu’il va retrouver 5 camarade russes et qu’il ne sera pas maltraité, que la guerre est terminée pour lui. Alors il paraît content et se constitue prisonnier.

Nous montons dans son camion : Flamant et Vengeance sur e siège avant et Le Drop dans le caisson pour parer à toute action possible de l’ennemi. Nous gagnons la pointe sud de la forêt de Compiègne, à la Basse-Queue, et camouflons le camion dans les environs, aidés de deux soldats russes. Nous nous emparons du fusil et acheminons le prisonnier vers le maquis russe. Nous donnons des ordres formels aux Russes pour la surveillance du prisonnier et de l’abattre si nécessaire. Nous regagnons le pays avec l’intention d’envoyer 5 Français pour renforcer le poste. Opération menée à bonne fin.

Le 25 août 44, à 18 heures, nous sommes prévenus qu’une rafle a eu lieu dans le village, que des paras SS procédaient à des arrestations d’hommes et tiraient sur les fuyards ! Une perquisition a lieu au domicile de Léonard Osset ; les Allemands y mettent le feu. Le feu est circonscrit par le maire et des habitants.

Les Allemands recherchent Léonard et préviennent le maire qu’ils prendront des otages au cas où il ne serait pas découvert.

Au cours de la rafle un civil a été fusillé et un autre blessé.

Dans la nuit du 25 au 26.8.1944, les Allemands reviennent procéder à l’arrestation de Madame Colmont, notre indicatrice, de M. Lecourt, coiffeur, et de son commis coiffeur. De nouveau, les Allemands mettent le feu à la maison de Léonard après avoir donné ordre au maire de ne pas revenir.

Le 25 août 1944, au soir, Vengeance (léonard) a regagné le groupe 36 bis (Longueil Ste Marie) où il retrouve 4 Russes du maquis de la Basse-Queue. Après interrogatoire, il ressort qu’à la suite d’un survol d’avion allié, un officier et un soldat allemands se sont enfoncés en forêt pour se dissimuler. Ils se sont ainsi approchés du poste de la Basse-Queue. Les Russes ont tiré sur eux. Le prisonnier, voyant des camarades approcher, a engagé la conversation avec eux et sorti un pistolet caché dans sa botte. Il a menacé les Russes de son arme, puis s’est enfui. Les Russes ont tiré dessus.

A ce moment, l’officier allemand a appelé du renfort se trouvant sur la RN32. Le combat s’est engagé et devant la supériorité numérique des Allemands, les Russes se sont enfuis, en laissant 1 FM aux abords du poste. Au cours de l’opération, les Russes prétendent avoir tué l’officier et blessé 3 soldats.


Le 26 août 1944 au matin (3 heures), deux soldats et Mickey (matricule 36403) se rendent au maquis pour récupérer le FM. Ils ne l’ont pas retrouvé. La maison forestière est criblée d’éclats de grenades. Un des Russes rapporte son fusil qu’il avait abandonné au bord de l’Oise. »

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