Maquis-Saint-Germain-La-Poterie

Le maquis de Saint-Germain-la-Poterie

par Jean-Pierre Besse
 

L’histoire de ce maquis est intimement liée au parcours militant de Louis Dalmas, marquis de Polignac. Né en 1920, Louis Dalmas a rompu très tôt avec sa famille, milite avant-guerre dans les organisations trotskystes et collabore à la presse trotskyste.  

Une ferme pour refuge

Pour échapper au Service du Travail Obligatoire, il s’installe à Saint-Germain-la-Poterie (Oise) dans une ferme que possède son beau-frère. La ferme devient un lieu de rendez-vous pour les organisations trotskistes et, en février 1944, s’y déroule la conférence européenne de la IVe Internationale qui donne naissance au Parti communiste internationaliste, section française de la IVe Internationale (PCI-SFQI). Louis Dalmas a été chargé de l’organisation matérielle de cette conférence clandestine dont il assure la protection militaire avec son groupe de FTPF. Louis Dalmas collabore dans la clandestinité à La Vérité et à Lutte ouvrière.

Il recueille dans sa ferme des prisonniers soviétiques évadés des camps où les Allemands les tiennent prisonniers pour les utiliser comme main-d’œuvre pour le déblaiement des gares et voies ferrées après les bombardements alliés. Louis Dalmas est aussi en contact avec les FTPF de l’Oise et le réseau Marco-Polo du BCRA. Il termine la guerre avec le grade de lieutenant FTPF.


Les soviétiques dans Beauvais

Dans les jours qui suivent la Libération du département de l’Oise, ce sont plus de six cents prisonniers soviétiques (selon le témoignage de Louis Dalmas en contradiction avec le rapport de gendarmerie cité plus loin) qui se retrouvent à Saint-Germain-la Poterie avec des Républicains espagnols, ce qui inquiète fort les autorités locales surprises de l’existence de cette « république soviétique de Saint-Germain-la-Poterie », du drapeau rouge agrémenté d'une faucille et d'un marteau flottant à l'entrée de la propriété, de la pancarte en russe indiquant "Ici territoire soviétique".

Quelques jours après la Libération, la brigade de gendarmerie d'Auneuil signale qu'il y a là soixante-deux hommes, six Espagnols et cinquante-six Soviétiques.

Ces hommes défilent le 11 novembre 1944 dans les rues de Beauvais, sans doute la seule ville de France à avoir vu des « représentants de la glorieuse Armée rouge » défiler dans ses rues.


Louis Dalmas quitte Saint-Germain-la-Poterie au début de 1945 pour reprendre son activité militante à Paris. Selon son témoignage, l’action et le rôle de ce maquis sont très modestes. Il doit avoir recours à de fortes pressions sur les autorités militaires pour que les Soviétiques puissent défiler dans les rues de Beauvais.

Louis Dalmas dans les années 50.

Défilé des Soviétiques dans Beauvais
le 11 novembre 1944.

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