Installation du préfet Pérony

L’installation du préfet Pérony
par Jean-Yves Bonnard

Le mercredi 30 août 1944, vers 16 heures, Yves Pérony apprend que l'armée britannique se trouve aux portes de Beauvais. Il convoque aussitôt le capitaine de Gendarmerie, M. Parrou, et le commissaire de police, M. Albigès, afin de les instruire des mesures à prendre pour la protection de la population et des bâtiments publics.
Vers 17 heures, Yves Pérony, son chef de cabinet Jean Guignard et son attaché de cabinet M. Porèche se présentent à l'hôtel de la préfecture. Ils sont accompagnés du commissaire régional de la République Pierre Pène, parti de la capitale en vélo la veille et parvenu à trouver des résistants et une automobile pour gagner Beauvais. Sont aussi présents Guy Malines (secrétaire général destitué par Vichy quelques semaines plus tôt et entré en clandestinité), des membres du CDL dont son président Roland Schmit, de M. Poumeroulie (procureur de la République), du capitaine Parrou, du commissaire Albigès et d'un détachement de FFI du secteur de Beauvais.
Pierre Pène relève de ses fonctions préfectorales Georges Malick et le fait placer en résidence surveillée. Son récit laisse entrevoir l'improvisation : " Très digne, très préfet de carrière, Malick debout nous reçoit également debout. Je lui dis ce que nous venons faire et il réplique : avez-vous un papier vous habilitant ? Oui, bien sûr, et je me fouille ; rien, je me fouille de nouveau, pas moyen de trouver le papier qu'on m'a remis à Paris et que j'ai cousu dans mon veston déchiré par les barbelés je m'en suis fait remettre un destiné aux réfugiés. Quant au papier accréditif, Dieu sait où il est. Qu'importe ! nous n'allons pas nous laisser arrêter par une question de forme ; nous faisons comprendre à M. Malick que nous sommes les plus forts, qu'il vaut mieux pour lui ne pas s'obstiner et… il cède la place à Pérony ". Yves Pérony devient alors le "préfet de la Libération". Il demande aussitôt à Guy Malines de reprendre son poste de secrétaire général et fait procéder à l'arrestation de M. Baldeyrou, chef de cabinet de M. Malick, collaborateur notoire. Dans la soirée, le préfet Pérony se rend à la mairie de Beauvais pour destituer le conseil municipal. S'adressant au maire provisoire, M. Jacoby, il lui dit : " Je n'ai pas à formuler de critique contre la gestion de votre conseil, mais je suis dans l'obligation de vous suspendre". Il nomme alors à la tête de la commune un administrateur intérimaire en la personne de M. Bourdon, dans l'attente de l'installation d’une nouvelle assemblée le 1er septembre.
Dès son installation, de concert avec Pierre Pène, il lancera un appel à l'union de toute la population du département : " (…) La bataille continue. Le présent exige encore la guerre. Contribuons par notre Union et par une discipline librement consentie à la Libération complète de notre territoire. Cette libération impose à tous des devoirs précis - il importe qu'une situation normale soit rapidement rétablie - que les services publics fonctionnent régulièrement, qu'enfin, avec la Liberté, règnent à nouveau l'Ordre, la Sécurité, la Justice sociale, facteurs essentiels d'une union durable (…) "

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