Réseau Manipule

Le réseau Manipule
par Jean-Pierre Besse et Jean-Yves Bonnard

Le réseau Manipule est un réseau de renseignement militaire né officiellement le 1er février 1942. Uniquement composé de civils, il est issu du mouvement Ceux de la Résistance créé par Jacques Lecompte-Boinet (1905-1974) avec l'aide de Pierre Arrighi (1921-1944). Il recrute, à l'origine, parmi les survivants de Combat zone Nord. Le colonel Passy écrit d'ailleurs que Ceux de la Résistance est une annexe de ce mouvement. Manipule est relié au Bureau Central de Renseignements d'Action (BCRA) de Londres par la centrale Prométhée basée à Paris.
Manipule se distingue progressivement et acquiert une véritable autonomie.

Composition du réseau
Manipule est composé de trois sous réseaux:
- Max, fondé par Jean Rocquigny, comprend 269 agents fichés. 87 d'entre eux sont arrêtés par la Gestapo à partir de septembre 1943. Max est anéanti en décembre suivant;
- RR, fondé par Robert Reyl (alias Berthier), est anéanti fin 1943;
- 57, fondé par Georges Lapouge, est aussi anéanti fin 1943.
589 agents sont homologués, liés pour 74% d'entre eux par des relations d'amitié ou de camaraderie de collège ou de régiment. Selon Marie Ducoudray, 80% d'entre eux sont des hommes.
Tous font du renseignement militaire: inventaire d'usines d'armement, de dépôt d'essence et de munitions, de postes de DCA, d'écoute et de repérages ; relevé d'ordre de bataille et de déplacements des unités allemandes ; lever de plans de constructions du Mur de l'atlantique et de rampes de lancement de V1.
Après-guerre, le liquidateur du réseau Manipule est Robert Reyl.

Manipule et l'Oise
L'un des dirigeants du réseau, Robert Reyl (1919-2004), regagne Londres le 17 juin 1943 en partant du terrain "Pêche", dans la même opération que l'épouse de Fernand Grenier.
Les agents du réseau recensés dans l'Oise dépendent du sous-réseau Max, le plus important avec 61 % du total des agents homologués. Le garagiste Albert Bénicy (1892-), alias "Byrrh", en est le responsable. C'est lui qui a les contacts avec les correspondants de Compiègne, Chevincourt, Montmacq, Ourscamp, Saint-Léger-aux-Bois et Ribécourt.
Les agents les plus actifs sont deux cultivateurs de nationalité belge: René et Louis Piton. Ils ont été en contact dès septembre 1942 avec Jacques Lecompte-Boinet qui cherchait un terrain d'atterrissage dans la région. René, en février 1943, reçoit Albert Bénicy et devient alors agent de renseignement. Il donne le plan du champ de munitions de Saint-Léger-aux-Bois, celui du camp d'aviation d'Asny-Breuvaignes (dans la Somme), avec toutes les modifications et le plan des dépôts d'essence, les emplacements des états-majors de l'Air, du Transport de Choisy-au-Bac, de Compiègne et de la région de Méru avec le début des travaux, des renseignements sur le tunnel de Le Coudray-en-Thelle, sur le trafic ferroviaire et fluvial, le repérage des terrains d'atterrissage... aidé en cela par André Boucher, alias "Marchal", garagiste à Chevincourt.
De petits groupes fonctionnent aussi à Chevincourt autour de Clovis Piar, alias "L'Ecureuil", un agriculteur, à Elincourt-Sainte-Marguerite autour de Jacques Lefèvre, alias "Joule", transporteur public, et à Compiègne avec André Pestel, alias "Renard", négociant en grains, engrais, pailles et fourrages.

Sources :
Marie Ducoudray, Ceux de "Manipule", Editions Tirésias, 2001 - Enquête auprès de la famille Piton.
SHD, GR28P3.
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