Libé-Nord

 Libération-Nord (Libé-Nord)
par Jean-Pierre Besse

« Situer dans le temps, de manière suffisamment précise, la naissance d’un mouvement de Résistance comme Libé-Nord relève de la gageure », écrit Alya Algan. A l’origine, un journal publié par Christian Pineau, l’un des premiers journaux à paraître en zone occupée. Les bases organisationnelles du mouvement viennent du syndicalisme et de la SFIO. Au fur et à mesure que le mouvement se développe, le poids des socialistes s’affirme à tous les niveaux.

Les responsables oisiens
Dans l’Oise, Libé-Nord est intimement lié à la SFIO. Les principaux dirigeants sont ceux du parti avant-guerre : Jean Biondi, Georges Blin, André Caron, Paulette Courseaux, Marcel Mérigonde, Marcel Philippe. Seuls les responsables militaires successifs, Espérance Maillard et Roland Schmit, sont des personnalités nouvelles, non engagées auparavant, à notre connaissance.
Libé-Nord travaille en étroite collaboration avec l’OCM dans le Bassin creillois qui, d’ailleurs, récupère certains membres de Libé-Nord quand le mouvement est désorganisé par des arrestations.
Celles-ci sont nombreuses durant l’hiver 1943-1944 (André Raffoux, Jean Biondi, Georges Blin, Espérance Maillard) mais, sous l’impulsion de Marcel Mérigonde, délégué à l’information, et de son nouveau responsable militaire, Roland Schmit, Libé-Nord retrouve très vite une certaine vitalité, comme le prouve la place du mouvement dans les organismes départementaux de la Résistance.

Au CDL et aux FFI
Libé-Nord participe au Comité départemental de libération dès sa création à la fin de l’année 1943. Le Libérateur de l'Oise, organe du mouvement après la Libération, le rappelle dans son numéro du 4 janvier 1945 : "Lorsque, en décembre 1943, le CDL a tenu ses premières réunions, Libé-Nord et le Front national se sont trouvés unis absolument".
Un membre du mouvement, Pierre Chardeaux, est responsable du secteur ouest des FFI et Roland Schmit est membre de l’état-major départemental.
Dans les semaines qui précèdent la Libération, au moment du partage des postes, début août, Libé-Nord reçoit le secrétariat général de la préfecture. Quelques jours plus tard, le 23, son représentant au CDL, Roland Schmit, fait cause commune avec le Front national pour s’opposer à la volonté de l’OCM, représenté par Jean Wallon, de constituer un nouveau CDL. Le même jour, Roland Schmit est élu président du CDL, poste qu’il occupe jusqu’à son départ le 21 septembre. A partir de cette date, Libé-Nord est représenté au CDL par André Crosnier puis par Maurice Segonds.

Sources :
AD Oise, 33 W 8 692 - Archives Jean-Pierre Besse, publication, presse locale, documents remis par des résistants - Aglan Alya, La Résistance sacrifiée, le mouvement Libé-Nord, Paris, Flammarion, 1999, 456p.



Responsables des Libé-Nord dans l'Oise

HERVAUX Daniel René alias Christian

Médecin à Attichy

Résistant Libé Nord - réseau Brutus

par Jean-Yves Bonnard, mise à jour du 7 février 2024


Né le 13 août 1898 à Morsain (Aisne), fils d'Auguste Virgile Hervaux et de Maria François, Daniel Hervaux étudie la médecine à la faculté de Paris lorsqu'il est mobilisé durant la Première Guerre mondiale. Il demeure alors au domicile de ses parents, au n°72 rue Claude-Bernard à Paris (5e). Incorporé le 17 avril 1917 au 8e Bataillon de Chasseurs à Pieds, il passe au 44e BCP le 23 avril 1918 puis au 6e BCP le 26 mars 1919. Il est démobilisé le 27 octobre 1919. 

Marié et père de deux enfants, il exerce  à Attichy à partir d'octobre 1926 d'une part comme médecin de campagne et, d'autre part, à l'hôpital-hospice Dorchy d'Attichy. Il est noté résidant place de l'Eglise (décembre 1926) puis rue du Château (décembre 1927) puis rue de Pierrefonds (1930). Conseiller municipal d'Attichy élu en 1935, il fonde et devient le premier président du Club Nautique d'Attichy.

Réserviste, il est nommé médecin - lieutenant par décret du 15 octobre 1933. Les détails manquent sur sa participation comme militaire dans la Campagne de France.


Un responsable de la Résistance

En mars 1943, le résistant Marcel Mérigonde, délégué départemental de Libé-Nord, entre en contact avec lui et le nomme délégué cantonal pour le secteur d'Attichy. 

Il participe ainsi à la distribution du journal Libération et du Populaire dans le canton, fournit des renseignements militaires et des plans d'ouvrages et d'installation du camp d'aviation de Croutoy à destination du réseau Brutus par l'intermédiaire de Marcel Mérigonde, jusqu'à l'arrestation de ce dernier le 23 mai 1944.

Le Dr Hervaux organise alors la Résistance dans le canton en créant des groupes dans les communes d'Attichy, Autrêches, Bellefontaine, Berneuil, Bitry et Trosly-Breuil.

Il participe à la délivrance de faux-papiers d'identité et de faux-certificats de maladie pour les réfractaires au STO. Il en place certains dans des fermes.

Le Dr Hervaux recueille et aide deux prisonniers évadés de Royallieu et quatre nord-africains évadés qu'il incorpore dans le groupe de Bitry. Il porte aussi assistance à un aviateur canadien, Albert de Bruyne, recueilli à Bellefontaine (Caisnes).

Il organise aussi le service médical du Groupe Libération d’Attichy dont il devient chef. 

Son épouse, Jeanne Hervaux, infirmière, née le 15 octobre 1901, l'accompagne et l'aide dans ses soins aux blessé ainsi que l'infirmière Madeleine Louchet, née le 18 mai 1891 (infirmière DE).


Actions lors de la Libération

Le Dr Hervaux participe à la réception du parachutage d'armes et de matériel du 30 mai 1944.

Le 29 août 1944, suite à une action du groupe d'Autrèches, il soigne un prisonnier allemand capturé à Autrêches qui décède trois jours plus tard. 

Puis, le 1er septembre, il soigne sur place trois résistants blessés sur la plateau de Berneuil qu'il évacue vers l'hôpital puis le poste de secours américain (Roger Lauradoux, Louis Agnès et Maréchal). Ce jour-là, son groupe fait 16 prisonniers et tue un soldat soldat, capture les armes et une voiture.

En mai 1946, il quitte Attichy et s'installe au n°14 rue de la République à Charenton (alors Seine). Le Dr Hervaux décède le 16 août 1990.


Décorations et hommages

Il est nommé capitaine de réserve par décret du 26 septembre 1945. Rayé des cadres de l'Armée en 1956, il accède cependant à l'honorariat.

Il reçoit le 14 septembre 1946 la Croix de guerre 39/45 avec étoile de vermeil et la citation suivante à l'ordre du corps d'armée : "Résistant de la première heure, a participé à l'organisation militaire de sa région et au travail des groupes francs pendant plus d'un an. A donné ses soins à de nombreux combattants de la Résistance ou aviateurs alliés blessés et a pris part à l'établissement du réseau du Service de Santé de la Résistance. Au début de 1944, a assuré le commandement d'un groupe de Résistance dans tous les actes de sabotage et les attaques dirigées contre l'armée allemande. S'est particulièrement distingué sur le plateau de Berneuil l'ors d'un combar meurtrier avec une unité emmenée en repli, assurant personnellement l'évacuation de ses hommes blessés. Médecin combattant, a toujours été en première ligne" (Ordre général n°571 du général Koenig). Selon Marcel Mérigonde, "l'âme de la Résistance du canton d'Attichy était personnifiée par M. D. Hervaux" (21 janvier 1957).

Il est fait chevalier de la Légion d'honneur.

Daniel Hervaux est reconnu résistant sur la période s'étalent du 1er juin 1943 au 30 avril 1944 puis comme FFI du 1er mai au 1er septembre 1944. A ce titre, il reçoit la carte de CVR (n°146.499) le 25 mai 1959.


Sources:

Mémoire d'Attichy et de son canton n°4, 2012.

Arch. départ. Aisne 28J/575- Arch. départ. Oise 1239W1 - Arch. Paris D4R1 2053.

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