Compagnons de la Liberation

Compagnons de la Libération originaires de l'Oise
Extraits du site https://www.ordredelaliberation.fr

AMYOT D'INVILLE Hubert

Fils de Pierre Amyot d'Inville (1878-1953) et d'Yvonne Drouet d'Aubigny (1882),  il est né le 1er août 1909 à Beauvais. Troisième des six enfants de la fratrie, sa famille est issue de la vieille noblesse de robe de l'Oise. Il y fait ses études à l'Institution du Saint-Esprit puis est reçu à l'Ecole de Navigation de Nantes. Il devient Elève Officier de Réserve en 1929 puis entre en 1932 dans la Marine marchande à la compagnie Dreyfus. 
Le 15 mai 1935, il est promu enseigne de vaisseau de 1ère classe de réserve. La famille s'installe en 1936 au château de la Morandière à Louvigné-de-Bais (Ille-et-Villaine).
Capitaine au long cours sur la ligne de Madagascar des Messageries maritimes en 1939, il est chargé de convoyer les hommes et les ressources des colonies vers la métropole. il est rappelé dans la Marine de guerre en janvier 1940 et reçoit une formation de dragage de mines. Le 16 mars 1940, il reçoit le commandement du dragueur de mines La Trombe II, un ancien langoustier à propulsion électrique, et du groupe de dragueurs chargés de nettoyer le chenal de navigation des mines lancées par les avions allemands devant Dunkerque. Il prend part à la défense et à l'évacuation de Dunkerque, lorsque son bâtiment, assurant la garde des chenaux du port, saut sur une mine.
Rescapé, Hubert Amyot d'Inville est cité à l'ordre de l'Armée le 31 mai 1940. Il commande ensuite au moment de l'armistice une vedette lance-torpilles à Cherbourg, le VTB 11. Il rallie alors l'Angleterre  le 19 juin et le lendemain est interné avec son équipage à Falmouth. Il s'engage alors dans les Forces navales françaises libres, le 1er juillet 1940.
Il reçoit le commandement de la 3e compagnie du 1er Bataillon de fusiliers marins (1er BFM) constitué en Angleterre avec des réservistes et des civils évadés. Placé sous le commandement du capitaine de corvette Robert Détroyat, Hubert Amyot d'Inville en devient son second.
Le Bataillon est embarqué sur le Westernland et participe l'opération de Dakar. Arès l'échec de Dakar, le Bataillon est envoyé en Afrique Equatoriale Française. Il débarque en septembre au Congo puis commande la Marine à Port Gentil (Gabon) et organise la défense des côtes.  Il prend une part active au ralliement du Gabon puis quitte l'AEF pour l'Ethiopie et l'Erytrée en février 1941. Il rejoint Suez par le Cap puis Qastina en Palestine.
En juin 1941, Hubert Amyot d'Inville entre avec le 1er BFM en Syrie. Grièvement blessé devant Damas, le 17 juin, il prend à Beyrouth, dès le mois d'août 1941, avec le grade de capitaine de corvette, le commandement du Bataillon, en remplacement de Détroyat, tué le 21 juin 1941 lors d'un accrochage à Mezza, en Syrie.
Réorganisé en unité de DCA motorisée, le Bataillon est adjoint, fin 1941, à la 1ère Brigade française libre sous les ordres de Koenig. Il participe aux campagnes de Cyrénaïque, de Libye, de Tripolitaine et de Tunisie. De février à juin 1942, il défend le ciel de Bir-Hakeim attaqué quotidiennement par des raids de 80 à 100 avions et assure une protection anti-char. Son unité inflige des pertes sévères à l'ennemi et abat 7 avions.
Le Bataillon entre en ligne à El Alamein en octobre 1942, puis prend part en mai 1943 à la campagne de Tunisie au sein de la 1ère Division française libre.
Le 17 août 1943, grâce à l'arrivée de volontaires d'Afrique du Nord, le Bataillon devient le 1er Régiment de fusiliers marins (1er RFM) toujours commandé par le capitaine de corvette Amyot d'Inville. Plusieurs mois sont nécessaires pour former les recrues par des entraînements et des manoeuvres.
Le 13 avril 1944, les fusiliers marins « l'amiral », comme on le surnomme (certains le surnomment aussi L'astuce, Le pacha et Le vieux), embarquent pour l'Italie. Ils débarquent à Naples le 27 avril 1944 et forment souvent l'avant-garde de la 1ère DFL sous les ordres du général Brosset. Hubert Amyot-d'Inville dirige ses escadronsavec calme et clairvoyance, et dirige ses escadrons dans la conquête de Ponte Corvo, Cellano, Coleferro, Zagarello près de Tivoli du 11 mai au 6 juin. Il traverse Rome le 9 juin et arrive près de Viterbe le soir.
A peine nommé capitaine de frégate, Hubert Amyot d'Inville trouve la mort en sautant sur une mine avec sa jeep, le 10 juin 1944 lors d'une reconnaissance devant Montefiascone. Il avait 34 ans. Il est inhumé au cimetière de Viterbe (Italie).

Jacques (1908-1943), le frère aîné d'Hubert Amyot d'Inville, officier du 3e Régilent Etranger d'Infanterie, est tué au combat en Tunisie en avril 1943 ;
Gérald (1910-1945), son frère cadet, prêtre résistant, meurt en déportation le 29 janvier 1945 à Elrich;
Guy (1918-2002), seul survivant des frères Amyot d'Inville, est officier de cavalerie au 7e Régiment de Cuirassiers. Grièvement blessé dans son char en feu, il est fait prisonnier le 5 juin 1940, emmené en captivité  à l'Oflag IV-D d'Elsterhost et libéré en 1945

Décorations:
• Officier de la Légion d'Honneur - 16 octobre 1947 à titre posthume
• Compagnon de la Libération - décret du 9 septembre 1942
• Croix de Guerre 39/45 (5 palmes) - citation à l'ordre de l'Armée du 3 novembre 1944
• Médaille de la Résistance avec rosette - 16 janvier 1947 à titre posthume
• Médaille Coloniale avec agrafe "Bir-Hakeim"

Hommages:
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Louvigné-de-Bais.
A Beauvais, un boulevard de la ville porte le nom des fils Amyot-d'Inville
Toujours  à Beauvais, la cour de la maison natale présente une stèle ornée des bustes des trois fils Amyot-d'Inville;
A Senlis, un lycée professionnel porte le nom de la famille;
A Louvigné-de-Bais, la rue principale du village porte le nom "des fères Amyot d'Inville";
La Marine Nationale baptisera en 1974 un avios du nom d'Amyot d'Inville. Il est désarmé en 1999.

Sources:
De Gméline Patrick, Amyot d'Inville: quatre frères pour la France, éd. Charles Hérissey, 2004.
Site de l'Ordre de la Libération.
Site du Mémorial National des Marins.

BISSON Arnaud Hippolyte
alias Henry, Duprez, Demouy, Correus, Fakir.

Fils des bijoutiers Adrien Bisson et Eléna Gaillard, Arnaud Bisson est né le 8 mai 1909 à Noailles dans l'Oise. Il s'installe comme horloger dans le Beauvaisis et achète une ferme à Velennes (Oise) . Marié à Irène Crapoulet, il est élu maire de Velennes.
Radical-socialiste, fervent patriote, il n'est pas mobilisé à la déclaration de guerre mais réquisitionné comme garde-voie à La Fère (Aisne).
Rapidement après l'armistice, il commence à récupérer des armes puis, avec Robert Belleil, Jean Minasse et Robert Sené, créé l'un des premiers groupes de résistance à Beauvais.
Dès la fin 1941, le groupe se rattache au mouvement du colonel Alfred Heurtaux, l'Organisation civile et militaire (OCM). Chargé de la zone nord-ouest de Beauvais, Arnaud Bisson se spécialise dans la récupération des parachutages et dans l'action.
Au printemps 1943, il entre au Bureau des opérations aériennes (BOA) sous les ordres de Michel Pichard (Pic). Il réceptionne le premier parachutage d'armes du département en mai 1943 à Lhéraule. Recherché par la Gestapo, il se réfugie avec sa famille, à partir de juillet 1943, dans la région de Saint-Quentin.
Au même moment, Arnaud Bisson devient l'adjoint de Pierre Deshayes, alias Rod, chef régional du Bureau des opérations aériennes (BOA) de la Région A (la "Zone interdite", formée des départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de la Seine-Maritime et de l'Aisne). Il dirige le BOA de l'Aisne, participe à 18 parachutages d'armes et de postes radio, au sabotage de vannes d'écluses sur le canal de Saint-Quentin et à trois sabotages de chemins de fer. Il est secondé en particulier par Edmond Bricout, Jean Merlin et André Dodart.
Arnaud Bisson développe également dans sa région l'aide aux réfractaires du Service du travail obligatoire (STO) à qui il fournit des faux papiers et des cartes d'alimentation ainsi qu'aux aviateurs alliés. Arnaud Bisson envoie également à Londres le plan complet du terrain d'aviation de Tille Beauvais utilisé par la Luftwaffe.
Le 14 avril 1944, Robert Aubinière (alias Amiral), qui a succédé à Rod depuis le 1er mars à la tête du BOA, est arrêté à Lille. Quelques jours plus tard, Arnaud Bisson quitte Saint-Quentin et installe son PC à Saint-Algis à quelques kilomètres de Sains Richaumont dans l'Aisne.
Le 30 juin 1944, vers 21 heures, Arnaud Bisson quitte son PC du maquis de la Coupille en voiture avec trois de ses hommes pour effectuer un transport d'armes. A Lemé, ils tombent sur un barrage allemand. Un des passagers du véhicule ouvre le feu, les Allemands ripostent, tuant Arnaud Bisson sur le coup. La voiture est abandonnée à quelques centaines de mètres du village de Sains-Richaumont. Le surlendemain, le corps d'Arnaud Bisson est ramené par des maquisards et enterré temporairement près d'une ferme.
Après la libération, il est inhumé dans le caveau de famille à Noailles.

Décorations:
• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 7 juillet 1945
• Croix de Guerre 39/45

Hommages:
Chaque année, le dernier dimanche de juin à Saint-Algis, une cérémonie commémore Arnaud Bisson et quatre de ses compagnons morts en défendant de l'assaut allemand le Moulin de la Coupille  le 7 juillet 1944.
A Noailles, une rue porte son nom qui figure aussi sur le monument aux morts.
A Velennes, une plaque commémorative est apposée sur un mur de la mairie. Son nom figure sur le monument aux morts.
A Beauvais, une rue porte son nom. Il figure aussi sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative des maires morts en 39/45 dans l'hôtel du département.
A Saint-Quentin (Aisne), une rue porte son nom.
A Saint-Algis, son nom figure sur une stèle commémorative.

CHEVANCE-BERTIN Maurice Alias Barrioz, Herbain, Nef bis, Bertin

Maurice Chevance est né le 6 mars 1910 à Nanteuil-le-Haudoin dans l'Oise. Le 15 octobre 1929, devançant l'appel, il s'engage dans l'armée.
Servant dans l'Infanterie Coloniale, il est sous-lieutenant de réserve le 1er octobre 1930, puis sous-lieutenant d'active et lieutenant le 1er octobre 1933.
Il est affecté successivement en Algérie, en Tunisie et au Tchad où le surprend la déclaration de guerre de septembre 1939. Commandant d'une compagnie de tirailleurs sénégalais du 8e RTS pendant la campagne de France, le lieutenant Chevance effectue au moment de l'armistice une longue retraite qui le conduit à Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales.
Dès le mois d'août 1940, Maurice Chevance, en congé d'armistice, est recruté par Henri Frenay qui organise les premiers noyaux de la résistance dans la région de Marseille. Dès septembre, avec son épouse Jeanine, il prend une part active au développement du Mouvement de Libération nationale (MLN) créé par Frenay et à la diffusion du journal Les Petites Ailes dans la région du sud est, puis de Vérités, organes du MLN.
Il a monté entre-temps à Marseille une agence militaire et coloniale, entreprise destinée à prendre en charge les bagages des militaires et des civils en transit à Marseille. Cette petite société lui permet de rester en contact avec les milieux militaires et coloniaux et de faire de la propagande anti-allemande. Elle devient rapidement une officine de la résistance.
En juillet 1941, Maurice Chevance assiste à la première rencontre entre Frenay et Jean Moulin à Marseille. Il participe ensuite à la création du mouvement "Combat" sous la direction de Frenay. Membre du Comité Directeur du mouvement dès sa fondation en décembre 1941, Maurice Chevance est nommé ensuite directeur général du mouvement pour la zone sud.
En janvier 1942, il est arrêté par la police de Vichy et incarcéré à Lyon, puis à Clermont-Ferrand où il rencontre notamment Emmanuel Mounier. Au mois de mars, il obtient, grâce à un médecin favorable à la résistance, sa mise en liberté provisoire pour raisons de santé.
Recherché à nouveau pour internement administratif, il échappe à une nouvelle arrestation le 30 avril 1942. Il est alors condamné par contumace à 10 ans de prison et 120 000 francs d'amende.
Malgré les poursuites, Chevance, alias Bertin, continue ses activités de résistant : il lance le service de renseignements qui devint ensuite le SR des Mouvements Unis de Résistance (MUR) après la fusion de "Combat", de "Franc-Tireur" et de "Libération". Il est nommé chef régional des MUR pour le Sud-est.
Le 27 avril 1943, trahi par son adjoint et secrétaire Jean Multon, Bertin est arrêté par la Gestapo à son domicile à Marseille. Sautant du premier étage, il parvient à s'évader malgré deux jambes brisées grâce à l'aide d'un agent de police. Pendant plusieurs mois, recherché activement, il prend le maquis dans les Alpes de Haute-Provence.
Arrivé à Paris en octobre 1943, en l'absence de Frenay resté à Alger, il s'occupe de la direction de Combat avec Claude Bourdet et Pierre de Bénouville, se chargeant plus particulièrement de la branche militaire du mouvement ; il est membre du comité directeur des MUR puis du MLN (Mouvement de Libération Nationale) qui lui succède et du Comité Anti Déportation (CAD).
En 1944, Bertin est chargé de l'action militaire des MUR et il est membre du comité d'action (COMIDAC) pour la zone sud. A Paris, il s'attache particulièrement à faire entrer l'Organisation de Résistance Armée (ORA) dirigée par le général Revers dans les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI). Au mois d'avril, en passant par l'Espagne, il part en mission à Alger où il expose ses vues concernant les FFI au général de Gaulle.
Rentré en France en août 1944, Bertin dirige, avec Pierre de Bénouville, le Bureau FFI du Commissariat à la Guerre et est promu au grade de général de brigade.
Il organise un commandement provisoire des FFI pour les régions Sud-ouest et Centre. Il assure l'envoi de quatre colonnes issues de ces régions sur Autun et la Bourgogne. Il participe à l'établissement du commandement de la région de Royan, Pointe de Grave et la Rochelle. Jusqu'en octobre 1944, il assure le commandement de ces diverses troupes FFI après avoir accompagné le général de Gaulle dans son inspection du sud-ouest en septembre 1944.
En 1945, toujours passionné par l'outre-mer, il crée l'hebdomadaire Climats et est élu député à la 1ère Assemblée nationale constituante puis comme représentant de la Guinée à l'Assemblée de l'Union française au titre de l'UDSR.
Maurice Chevance-Bertin est décédé le 17 juin 1996 à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. Ses obsèques ont été célébrées en l'Eglise Saint-Louis-des-Invalides. Il a été inhumé dans son village natal de Nanteuil-le-Haudouin dans l'Oise.

Décorations:
• Commandeur de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945
• Croix de Guerre 1939-1945
• Médaille de la Résistance avec rosette

Publications :
• La Communauté française, principe d'une nouvelle politique, "La Communauté française", Paris, s. d.
• Vingt mille heures d'angoisse 1940-1945, Robert Laffont, Paris 1990

CHORON Maurice Philippe César

Fils d'Alexandre Choron et de Jeanne Lefevre, Maurice Choron est né le 7 novembre 1911 à Béthisy-Saint-Pierre (Oise) au domicile familial n°4bis rue des Sablons. Ecolier dans la commune, il obtient son certificat d’études primaires avec a mention assez-bien et devient maçon avec son père. Il se marie le 19 juillet 1930 avec Renée Lebrun et le couple donne naissance à deux filles.
Membre de l'aéroclub de Crépy-en-Valois, il obtient son brevet de pilote civil le 4 mai 1931 (brevet n°840 délivré à Méaulte).  Il participe au rallye aérien Paris-Poitiers-Paris organisé en octobre 1932 par l'Aéroclub de France et le Ministère de l'Air. Il effectue son service militaire à compter du 20 octobre suivant dans l'aviation. Affecté à la 12e escadre de bombardement basée à Reims, il obtient son brevet de pilote militaire  (n°23 962) et devient instructeur.
Libéré de ses obligations militaires le 15 octobre 1933, il obtient son brevet de transport public (n°24) le 23 novembre suivant. L'armée le nomme sergent de réserve le 20 novembre 1934.
Il exerce alors différents métiers puis renoue avec l'aviation en 1936 sur une station école d'avions Potez dans l'Est. Il devient par la suite moniteur à Nice,  à l'aéro-club d'Ajaccio puis à Toussus-le-Noble en 1938. Il y prend la direction de la section d'aviation prémilitaire du Club Aérien de Paris. Il totalise 1631 heures et 33 minutes de vol.
Mobilisé le 2 septembre 1939, il est affecté dans les écoles de pilotage de Mont-de-Marsan, puis de Graulhet (Tarn) pour diriger une école élémentaire de pilotage. Le 1er janvier, il est affecté au Cnetre d'Instruction du Bombardement de Toulouze-Francazal en tant qu'élève officier d'aviation. L'armistice signé, il n'aura pris part à aucun combat pour la défense de la France.
Décidé à continuer la guerre,  le sergent-chef Choron embarque à Port-Vendres sur le cargo L'Apapa le 24 juin 1940, lequel le mène le 7 juillet 1940 en Angleterre via Gibraltar. Engagé dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL) sous le matricule 30 501, il est détaché à la Royal Air Force. Fort de 1911 heures de vol, il pilote son premier avion britannique le 30 juillet 1940. Il s'entraîne particulièrement sur Hurricane à l'Operationnal Training Unit n° 6 (OTU n°6).
Il intègre le 14 septembre 1940 le Squadron 64 de la RAF et pilote un Spitfire. Le 16 septembre, il fait une mission d'interception d'urgence (scramble) et devient le premier pilote de chasse français à prendre part à la Bataille d'Angleterre.
Le 1er novembre 1940, il détruit un Heinkel 115 et devient le premier pilote français à abattre un avion allemand au-dessus de l'Angleterre. Cette victoire sera comptabilisée comme probable. Il multiplie les patrouilles et obtient sa première victoire officielle le 21 décembre 1940.
Le 13 mars 1941, le sous-lieutenant Choron est nommé Compagnon de la Libération et membre du Conseil de l'Ordre de la Libération, en remplacement du sous-lieutenant Bouquillard tué en combat aérien deux jours plus tôt.
En juillet 1941 il est affecté au 609 Squadron équipé de Supermarine SpitfireVb. Il y retrouve le pilote Michaël Robison rencontré en Corse quelques années plus tôt.
Le 7 août, il effectue une mission d'escorte d'appareils Lysander au-dessus de la Manche et endommage deux Messerschmitt 109. Le surlendemain, 9 août, il abat un nouveau ME 109 (victoire probable) et un autre le 27 août. De nouveau, le 17 septembre, Maurice Choron abat un ME 109. Il est nommé lieutenant le 24 septembre.
Le 21 octobre, son Spitfire est endommagé en combat aérien et il est contraint à l'atterrissage forcé au retour. Le 27 octobre il abat probablement un Focke-Wulf.
En décembre 1941, Maurice Choron est affecté comme moniteur à l'OTU n° 61.
Le 8 avril 1942, il rejoint le Groupe de Chasse Ile-de-France (Squadron 340), sous les ordres du capitaine de corvette Philippe de Scitivaux.
Le lendemain, 10 avril 1942, lors de la première sortie du Groupe Ile-de-France, le lieutenant Maurice Choron pilote un Spitfire MkVb et est abattu en combat aérien alors qu'il venait probablement de détruire un Focke-Wulf 190. Son avion, ainsi que celui du wing commander Michael Robinson, disparaît en mer dans le secteur du Touquet - Boulogne-sur-Mer ou de Calais. Maurice Choron avait effectué 700 heures de vol de guerre et 62 missions de combat en Grande-Bretagne. Son coprs ne sera pas retrouvé.
Sa dernière citation à l'Ordre de l'Armée de l'Air est décernée le 5 mai 1942: « Le lieutenant Maurice Choron, pilote de chasse de grande valeur, ayant remporté la première victoire des FAFL, n’a cessé de faire preuve de hardiesse et d’une habilité exceptionnelles au cours des soixante-deux opérations aériennes auxquelles il a participé. Possède à son actif trois victoires officielles et cinq probables. A disparu le 10 avril 1942, après avoir probablement abattu un Focke-Wulf-190 au-dessus de la France. »

Décorations:
• Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume - 22 octobre 1947
• Compagnon de la Libération - décret du 13 mars 1941
• Croix de Guerre 1939-1945 (4 citations)
• Médaille de la Résistance avec rosette - 11 mars 1947
• Croix de Guerre (Belgique)
• 1939-1945 Star avec agrafe "Battle of Britain" (GB)
• Air Crew Europe Star (GB)
• War Medal (GB)

Sources:
Site de l'Ordre de la Libération
Site de la ville de Béthizy-Saint-Pierre
ANORAA, Maurice Choron, un des premiers Français libre compagnon de la Libération, à lire sur https://fr.calameo.com/read/005900092f9c2943dda7a

Hommages:
A Béthizy-Saint-Pierre, son nom a été donné à la rue des Sablons et est inscrit sur une plaque commémorative sur le monument aux morts
A Pont-Sainte-Maxence, son nom est inscrit sur le monument aux morts
A Creil, une allée porte son nom
A Port-Vendre, son nom est présent sur un monument commémoratif 39/45
A Londres, son nom figure sur un monument commémoratif de la Bataille d'Angleterre.

GEOFFROY André Clovis Clotaire

Né le 28 janvier 1911 à Margny Lès Compiègne (Oise), il est le fils d'un capitaine.
Du 1er octobre 1928 au 30 septembre 1930, il est élève au Prytanée Militaire de la Flèche. Sorti de Saint-Cyr en 1932 (promotion Joffre) avec le grade de sous-lieutenant, il est affecté au 3ème RIC à Rochefort.
Le 7 novembre 1933, il embarque à Bordeaux pour la Côte d'Ivoire et est nommé lieutenant le 1er octobre 1934.
Il assume à Douala, jusqu'en juin 1938, les fonctions de chef du secrétariat permanent de la défense du territoire et de chef du cabinet militaire du gouverneur.
De juin 1938 à avril 1939 il est chef de la division de Mora.
Le 2 septembre 1939 il part pour Yaoundé avec sa section de Tirailleurs et prend le commandement de la 7ème Compagnie de Tirailleurs Sénégalais.
Le 26 août 1940 le commandant Leclerc débarque à Douala et André Geoffroy se rallie au général de Gaulle avec sa compagnie. Le 2 septembre, il prend le commandement de la 12ème Compagnie du 3ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais avec laquelle il part pour Libreville et essuie pendant la traversée en mer de violents bombardements ennemis.
Après de rudes combats, sa compagnie pénètre, le 10 novembre, dans la ville libérée.
Promu capitaine, André Geoffroy arrive à Fort-Lamy le 7 janvier 1941 et prend le commandement d'un convoi formé de cinq pick-up, avec lequel il part, le 12 janvier, en direction de Koufra, effectuant une difficile traversée du désert au Nord Est du territoire du Tchad. En mission avec le capitaine de Guillebon il attaque avec succès un site d'atterrissage italien. Le 1er mars, le poste de Koufra est pris par les unités du colonel Leclerc.
Le 15 avril 1941 il prend le commandement de la 2ème Compagnie de Découverte et de Combat et il prépare pendant l'année des opérations offensives contre la Libye.
Le 5 mars 1942, au cours du raid en plein cœur du Fezzan, André Geoffroy réussit à pénétrer dans le poste de Ouaou el Kébir accompagné d'un seul goumier. Enfin, pendant la conquête du Fezzan italien, en 1942-1943, il intervient dans la capitulation de Um El Araneb puis participe à l'avancée vers Tripoli où la Force L entre le 26 janvier 1943.
C'est ensuite la campagne de Tunisie, avec la 8ème Armée britannique et la prise de Kairouan le 12 avril 1943, puis de Tunis le 10 mai. Le Régiment de Marche du Tchad prend ensuite sa place au sein de l'Infanterie de la 2ème DFL puis de la 2ème DB du général Leclerc.
De mai à juillet 1944 André Geoffroy au sein du 3ème Bataillon du RMT est en Angleterre et suit, avec son unité, un entraînement en prévision du débarquement en Normandie qui a lieu le 1er août 1944 à Utah Beach.
C'est ensuite les combats d'Alençon, d'Argentan, la marche vers Paris, où son régiment se distingue dans les prises de l'Hôtel Meurice et de l'Hôtel Majestic. Puis la difficile avancée vers l'est et la campagne des Vosges.
C'est là que le capitaine André Geoffroy trouve la mort sous les balles ennemies en effectuant une opération de repérage visant à sécuriser l'avance de son bataillon, le 30 septembre 1944 à la sortie du village de Roville aux Chênes (Vosges). Inhumé provisoirement sur place, le corps d'André Geoffroy a été transféré dans sa ville natale de Margny Lès Compiègne où il repose dans le cimetière communal. Il reçoit la mention Mort pour la France.

Décorations:
• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 14 juillet 1941
• Croix de Guerre 1939-1945 (6 citations)
• Médaille de la Résistance
• Médaille Coloniale avec agrafes « Koufra », « Fezzan », « Tripolitaine », « Tunisie 1942-1943»

Hommages:
A Compiègne, son nom figure sur le monument aux morts de l'église Saint-Jacques et sur la plaque commémorative du collège Ferdinand Bac.
A Margny-lès-Compiègne, son nom figure sur le Mémorial des Martyrs.
A Paris (14e), son nom est gravé sur le monument commémoratif de la 2e DB place du 25 août 1944, œuvre du sculpteur Raymond Martin et du ferronnier d'art Raymond Subes.


PRIEZ Moïse

Né le 30 novembre 1912 à Bailleul-le-Soc dans l'Oise, il est engagé volontaire en janvier 1932, il est envoyé au Tonkin en octobre 1933 au 4e Régiment d'Artillerie coloniale et y reste en poste pendant trois ans.
Promu brigadier-chef en juillet 1937, il est désigné pour l'Afrique septentrionale fin 1937.
Après une année passée à Atar en Mauritanie, il est envoyé au Niger, à la 3e compagnie de transport où la guerre le surprend.
En septembre 1940, répondant à l'appel du général de Gaulle, au lendemain du ralliement de l'AEF à la France libre, il s'évade pour rejoindre les Forces françaises libres.
Profitant d'une liaison de ravitaillement sur Dirkou, il traverse ainsi le désert du Ténéré (Sahara) seul sur 2 000 kilomètres et rejoint à Zouar, au Tchad, les hommes du colonel Leclerc. Dirigé sur Faya-Largeau, il est affecté à la compagnie portée du Régiment de Tirailleurs Sénégalais du Tchad (RTST).
A Koufra, le 1er mars 1941, Moïse Priez se distingue en assurant avec son arme individuelle la défense d'une pièce de mortiers avant d'être blessé par des éclats d'obus. Cité à l'ordre du corps d'armée, il est promu sergent en septembre 1941 et affecté au 3e peloton de la 1ère compagnie de découverte et de combat (1 ère DC) comme chef de véhicule Bedford.
Avec son peloton, sous les ordres du capitaine Troadec, il participe à la seconde campagne du Fezzan, aux opérations de Tripolitaine et, avec la Force L, à la campagne de Tunisie.
Stationné au Maroc avec la 2e DB en formation, promu sergent-chef, il se voit affecté à la section d'obusiers de la compagnie d'accompagnement du 1er Bataillon du Régiment de Marche du Tchad (RMT) avant d'être embarqué pour l'Angleterre avec son unité.
Il débarque en Normandie le 1er août 1944 et participe activement à la bataille de Normandie puis à la libération de Paris en qualité de chef d'obusier M8.
Il prend une part active aux combats devant Strasbourg et est promu adjudant. Pourchassant l'ennemi en Allemagne, il participe à la prise du nid d'aigle d'Hitler à Berchtesgaden.
La guerre terminée, il est promu adjudant-chef en octobre 1945 avant de quitter l'Armée l'année suivante. Il se retire à Wattrelos dans le Nord.
Moïse Priez est décédé le 24 janvier 1970 à Wattrelos. Ses obsèques se sont déroulées en l'église Saint-Vincent-de-Paul à Wattrelos où il est inhumé.

Décorations:
• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945
• Médaille Militaire
• Croix de Guerre 1939-45 (3 citations)
• Médaille de la Résistance
• Médaille Coloniale avec agrafes "AFL", "Fezzan", "Koufra", "Tunisie"

GILBERT Jean

Né le 20 avril 1907 à Libermont dans l'Oise de parents cultivateurs, il entre à l'Ecole navale en octobre 1926 et est breveté pilote d'aéronautique en 1932.
Il sert ensuite à la base aéronavale de Berre comme pilote de l'escadrille d'observation (1932-1934) puis dans le Pacifique et en Extrême-Orient sur l'aviso colonial Amiral Charner (1934-1936), toujours comme pilote.
En 1936, Jean Gilbert démissionne de la marine pour s'installer à Tahiti où il dirige les affaires industrielles de son beau-père à Papeete. Il est mobilisé sur place comme lieutenant de vaisseau de réserve en septembre 1939.
Dès l'entrée en vigueur de l'armistice le 25 juin 1940, il ne cesse d'agir pour tenter de maintenir l'Océanie française aux côtés des Britanniques en essayant d'influer sur l'Etat-major de la marine des Etablissements français d'Océanie.
Le 2 septembre 1940, jour du ralliement de la colonie, il est le seul officier de marine favorable à la France libre. Il joue un rôle de premier plan en neutralisant par son autorité les officiers de la base aéronautique, entraînant avec lui les neuf dixièmes des officiers mariniers, quartiers-maîtres et marins.
Nommé immédiatement commandant de la Marine aux établissements français d'Océanie, il reste à ce poste jusqu'en avril 1941.
A la mi-juin 1941, il est appelé en Grande-Bretagne dans le but d'être affecté sur un bâtiment de combat. Mais, promu au grade de capitaine de corvette, il est finalement mis, en juillet 1941, à la disposition du Haut-commissaire de la France libre pour le Pacifique, le capitaine de vaisseau Thierry d'Argenlieu.
Il prend donc à Nouméa les fonctions de commandant de la Marine et de l'Air tout en étant officier de liaison auprès du général Patch, commandant les forces américaines basées en Nouvelle-Calédonie.
Le 8 juin 1942, au cours d'une mission de liaison auprès de l'amiral américain commandant les forces navales dans le Pacifique sud, l'avion qui le transporte s'écrase à Auckland en Nouvelle-Zélande.
Jean Gilbert est inhumé à Papeete.

Décorations:
• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 4 août 1942
• Croix de Guerre 39/45

SOURBIEU Jean-Louis Sourbieu

Né le 14 mai 1903 à Gury dans l'Oise, son père ayant été fusillé par les Allemands pendant la guerre de 14/18, il est élevé par sa mère.
Ouvrier agricole, il est appelé sous les drapeaux en 1923 et sert successivement pendant un an au 8e Régiment de tirailleurs coloniaux (8e RTC) puis au 17e RTC au Levant. Vers 1930, il part pour l'Afrique où il travaille sur les chantiers du Congo-Océan.
Mobilisé sur place en septembre 1939, Jean-Louis Sourbieu choisit, le 28 août 1940, de rallier la France libre en même temps que le territoire du Congo.
En décembre 1940, il est affecté au 1er Bataillon de marche de l'AEF (BM 1).
Promu caporal en janvier 1941, il est envoyé en renfort en Erythrée avec son bataillon en mars-avril 1941 et est nommé sergent ; arrivé à la fin de la campagne d'Erythrée, il est envoyé en Palestine et participe à la campagne de Syrie (juin-juillet 1941).
Affecté au Bataillon de marche n° 11 lors de sa création le 1er septembre 1941 au Levant par dédoublement du BM 1, il est promu au grade de sergent-chef un mois plus tard. Après la campagne de Libye, il rejoint de nouveau les rangs du BM 1 en septembre 1942 et prend part, avec la 1ère Compagnie du Bataillon, à la seconde campagne du Fezzan-Tripolitaine puis aux opérations de Tunisie début 1943 au sein de la Force L.
En juin 1943, son unité, stationnée en Tunisie où se forme la 2e DB, se transforme en Régiment de Marche du Tchad (RMT). Jean-Louis Sourbieu est alors affecté au 2e Bataillon du RMT et est nommé adjudant en janvier 1944 ; après un entraînement intensif au Maroc, le RMT est envoyé en Angleterre où se poursuit, de mai à juillet 1944, son entraînement en vue du débarquement en Normandie.
L'adjudant Sourbieu débarque le 3 août 1944 à Utah Beach avec la 2e DB et se distingue, dès le 10, dans la Sarthe, en conduisant son groupe à Nouans dans la reconnaissance de 88 antichars ; le lendemain, il se signale dans l'attaque du village d'Ancinnes où est détruit un matériel important et où sont faits un grand nombre de prisonniers.
En septembre 1944, il est promu adjudant-chef. Il est blessé par éclat d'obus lors de la campagne d'Alsace le 4 janvier 1945 à Gros Rederching en Moselle.
Nommé sous-lieutenant en juin 1945, il est démobilisé en octobre en Afrique où il travaille à la Compagnie forestière du Gabon avant de s'installer comme exploitant forestier à Port-Gentil.
Jean-Louis Sourbieu est décédé le 4 juillet 1957 à Port-Gentil des suites de maladie ; il a été inhumé à Paris, au cimetière du Montparnasse.

Décorations:
• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 24 mars 1945
• Croix de Guerre 39/45 (2 citations)
• Médaille Coloniale avec agrafes "Fezzan-Tripolitaine"
•  Médaille du Levant

VIENOT Pierre Louis Gustave

Fils de Pierre Viénot et d'Eugénie Blanche, Pierre Viénot est né le 4 août 1897 à Clermont dans l'Oise, ville où ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents ont été notaires. Quatrième et dernier fils de la famille, il fait ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly à Paris.
Le 21 juin 1915, il se porte volontaire et s'engage à la mairie d'Orléans pour la durée de la guerre. Il n'a que 17 ans. Servant au 30e Régiment d'artillerie, il est réformé temporairement pour développement musculaire insuffisant le 17 février 1916.  Reconnu apte le 18 mai suivant, il obtient une permission pour aller passer son second baccalauréat.  De retour au front, il prend part comme télégraphiste d'artillerie à l'offensive de la Somme en juillet 1916. Blessé par balle à l'épaule le 2 juillet 1916, il refuse de se faire évacuer.
Il passe au 205e Régiment d'Artillerie le 1er avril 1917. En juin 1917, Pierre Viénot suit les cours d'EOR à Fontainebleau et en sort aspirant le 19 novembre 1917.
Affecté au 5e RA, il est grièvement blessé au bras droit à deux reprises dans la même journée en juillet 1918 à Villers-Cotterêts (Aisne). Promu sous-lieutenant à titre temporaire à compter du 15 juillet 1918, il termine la guerre avec la Croix de guerre et deux citations. Il reçoit quelques années plus tard la Légion d'Honneur à titre militaire.
Il entame des études de droit puis, de 1920 à 1923, est attaché au cabinet civil du maréchal Lyautey à Rabat comme secrétaire particulier. De retour à Paris, il reprend ses études et effectue plusieurs séjours en Allemagne entre 1923 et 1925 pour préparer le concours d'entrée au Quai d'Orsay. Il commence alors à travailler au rapprochement franco-allemand qu'il veut promouvoir au sein d'une association. En 1926, le Comité franco-allemand d'information et de documentation (CFAID) est créé, avec à sa tête l'industriel et homme d'affaires luxembourgeois Emile Mayrish (1862-1928) dont Pierre Viénot épouse en 1929 la fille, Andrée (1901-1976). Directeur à Berlin du CFAID en 1927, il quitte cette structure en raison de dissensions internes en 1929.
Le couple Viénot s'installe l'année suivant dans les Ardennes. En 1932, il est élu député républicain socialiste de Rocroi (Ardennes). réélu en 1936, il est nommé sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères dans le gouvernement de Front populaire où il est chargé principalement des Affaires musulmanes (protectorats du Maghreb et des mandats du Proche-Orient). il négocie en 1936 les traités d'indépendance avec la Syrie et le Liban. Son discours du 1er mars 1937 à la radio tunisienne lui assure l'hostilité des colons opposés à sa proposition de renforcement des droits des Tunisiens.
Il adhère à la SFIO en juin 1937, au lendemain de la chute du gouvernement de Léon Blum. Avec Pierre Brossolette, Daniel Mayer et Léo Lagrange, il forme le groupe "Agir" qui dénonce les accords de Munich, prône la fermeté contre l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste et soutien la modernisation de l'armée. Il doit alors suspendre ses travaux en raison des résurgences de ses blessures de guerre.
Lieutenant de réserve en 1939, Pierre Viénot insiste, malgré une santé précaire, pour être mobilisé. Affecté de septembre 1939 à avril 1940 à l'Etat-major de la 4e DI comme interprète et officier de renseignements, promu capitaine, il se voit chargé, au printemps 1940, de diriger les émissions de la radio nationale en langue allemande à destination de l'Allemagne au Ministère de l'Information. En juin 1940, sa femme Andrée donne naissance à un fils, Rémi.
Pierre Viénot quitte Paris le 11 juin 1940 avec son service et suit le gouvernement Paul Reynaud à Tours puis à Bordeaux. Le 20 juin 1940, il embarque au Verdon à bord du Massilia avec 27 parlementaires à destination de Casablanca avec l'espoir que l'Afrique du Nord continue la guerre. Victime d'une campagne de presse antiparlementaire, considéré comme "déserteur", arrêté, il est placé en résidence surveillée à Rabat et ramené en France.
Traduit, en décembre 1940, devant le Tribunal militaire de Clermont-Ferrand il est condamné à huit ans de prison avec sursis mais perte de grade et privation de droits pour désertion à l'intérieur en temps de guerre et abandon de poste. Libéré, Pierre Viénot entre aussitôt dans la Résistance en multipliant les contacts en zone Sud. Il participe dans les milieux socialistes à la création de groupes d'études clandestins avec André Philip et Daniel Mayer notamment. Délégué par le Comité d'action socialiste (CAS), il entre, sous le nom d'André de Lacour, au comité directeur du mouvement Libération-Sud fondé par Emmanuel d'Astier de la Vigerie et prend part à la rédaction de Libération, journal clandestin du mouvement.
En août 1942, il est à nouveau arrêté et incarcéré à Vals et à Evaux puis placé en résidence surveillée dans un sanatorium en Savoie d'où il s'évade pour rejoindre Londres le 21 avril 1943 par une opération aérienne depuis la région d'Angoulême, porteur d'une message de ralliement d'Edouard Herriot au général de Gaulle.
Lorsque le Comité national français s'installe à Alger, il fait fonction d'ambassadeur auprès du Gouvernement britannique à Londres. En septembre 1943, il devient officiellement ambassadeur du Comité français de la Libération nationale (CFLN) à Londres.
Au printemps 1944, Pierre Viénot joue un rôle primordial dans les discussions avec les Alliés concernant le retour de la France dans le concert des nations ; il s'oppose au projet américain d'AMGOT (Allied Military Governement of Occupied Territories). La nuit du 5 au 6 juin 1944 est à ce titre déterminante.
Le 14 juin 1944, il débarque en Normandie, près de Courseulles, aux côtés du général de Gaulle qu'il accompagne à Bayeux et voit ses efforts couronnés par le retour de la souveraineté nationale française.
De retour à son poste d'ambassadeur dans la capitale britannique, épuisé par un travail incessant, il succombe à une crise cardiaque le 20 juillet 1944. Il avait 47 ans.
La cour d'appel de Riom annulera sa condamnation le 30 novembre 1944.
Pierre Viénot est inhumé en novembre 1948 à Chooz par Givet dans les Ardennes.
Son épouse sera nommé sous-secrétaire d'Etat en 1946. Elle sera élue députée (1946-1947), conseillère générale des Ardennes (1945-1970) et maire de Rocroi (1953-1976).

Décorations:
• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 23 octobre 1944
• Croix de Guerre 14/18 (2 citations)

Publications :
• Incertitudes allemandes : la crise de la civilisation bourgeoise en Allemagne, Librairie Valois, Paris 1931
• Pierre Viénot. Ses discours et messages, Harrison and sons, London, 1944

Hommages:
Une allocution d'Emmanuel d'Astier lui rendant hommage sera radiodiffusé le 20 juillet 1944.
Un colloque intitulé "André et Pierre Viénot, pensée et action" se tiendra à Rocroi le 8 octobre 2016.
A Revin, un buste le représentant est érigé en 1954 dans le quartier de La Campagne.
A Guyancourt, une piscine porte le nom Andrée-Pierre Viénot.
A Chooz, une rue porte le nom Pierre-et-Andrée-Viénot
A Givet, une salle porte le nom Pierre-et-Andrée-Viénot.
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