Organisations syndicales Oise

Les organisations syndicales isariennes
par Jean-Pierre Besse

Les syndicats sont sans doute les organisations clandestines sur lesquelles nous possédons le moins de renseignements. Les rapports officiels s'attardent peu sur le sujet et les témoignages ultérieurs sont peu nombreux.

La propagande
Le préfet signale quelques distributions de tracts du comité populaire de la métallurgie à la porte de l'usine Desnoyers de Laigneville et dans les usines de Creil en avril 1942. Les Archives départementales conservent le N° 1 de La Vie ouvrière de l'Oise, datée de septembre 1942, mais c'est la seule mention de cet organe. On peut se demander si ce n'est pas une publication de circonstance dans la mesure où d'autres tracts sont distribués en même temps au même endroit (ateliers de Moulin-Neuf à Chambly).

L'influence
Le sous-préfet de Compiègne signale dans son rapport, en février 1942, que "les ouvriers ne semblent pas avoir accordé à la Charte une attention suffisante". Les Renseignements généraux, pour leur part, notent le 11 mai 1944 : "La masse des travailleurs, toujours fidèles à l'esprit de l'ancienne CGT, se désintéresse totalement des directives émanant de la Charte du travail".

Les actions
Pendant l'Occupation, toute grève est d'abord un acte politique et traduit une volonté de Résistance même lorsqu'elle a pour prétexte ou pour motif réel des revendications salariales. En dehors des manifestations symboliques et des grèves sporadiques, deux entreprises sont particulièrement touchées par des actions à la fois syndicales, résistantes et politiques, il s'agit des ateliers de la SNCF à Chambly et de l'entreprise Desnoyers à Laigneville.

Les structures
La Vie ouvrière clandestine annonce en août 1943 que "le bureau de l'UD réunifié a lancé un appel à la lutte contre les déportations" et, en décembre 1943, signale : "les nouvelles UD suivantes ont reconstitué leurs bureaux illégaux : la Seine-Inférieure, la Somme, l'Oise, l'Eure-et-Loir, la Saône-et-Loire, l'Yonne ; des bureaux provisoires sont constitués dans la Marne, l'Aisne, le Nord et le Pas-de-Calais". On note que dans la première liste on trouve quatre départements de la même interrégion dans l'organisation de la Résistance communiste.

Les dirigeants
Nous connaissons peu de responsables clandestins. L'impulsion semble être venue de l'extérieur : de la Somme. Augustin Dujardin arrive en effet dans l'Oise en novembre 1943 comme responsable de la CGT clandestine et participe, dès sa création, au CDL clandestin dont il est d'ailleurs le président d'honneur à la Libération. Il est en contact avec Renaud Rouvillain, Masséna Dervillé et Marc Tisson (alias Roger). Renaud Rouvillain est un militant d'avant-guerre, ce qui n'est pas le cas de Masséna Dervillé, quant à Marc Tisson, il arrive d' Eure-et-Loir. Au moment de la Libération, juillet-août, l'interrégional de la CGT est Henri Cavelier (alias Marceau), qui vient de la Seine-Inférieure.
A la Libération, la CGT est représentée au CDL tout comme la CFTC. Sur cette centrale nous ne possédons aucun renseignement concernant son activité clandestine.

Sources :
AD Oise, 33 W 8 237 - AD Oise, 33 W 8 250 - AD Oise, 33 W 8 254 et 33 W 8 254 bis - AD Oise, 89 W 10 913 - La vie ouvrière clandestine, 7 août 1943 et 7 décembre 1943, quotidien - Archives Jean-Pierre Besse, publication, presse locale, documents remis par des résistants - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Naïtchenko Maroussia, 20 novembre 2000, enregistrement cassette audio, agent de liaison de "Charles" - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Dujardin Gisèle, 12 mai 2000, enregistrement cassette audio.
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