PINEL René Hubert alias Lambert et Bertin
Résistant de l'OCM et du réseau Kummel
par Jean-Yves Bonnard, mise à jour du 8 décembre 2024
En captivité
Né le 27 septembre 1915 à Grandfresnoy (Oise), fils des agriculteurs Hubert et Léonie Pinel, il devient agriculteur lui-même après avoir abandonné ses études à 16 ans tandis qu'il était pensionnaire au collège de Clermont. René Pinel fait son service militaire en septembre 1936 dans le 15e régiment d'Artillerie de Forteresse. Il est démobilisé en août 1938 avec le grade de maréchal des logis. Mobilisé en septembre 1938 pour 21 jours, il est rappelé en septembre 1939 et rejoint le 169e régiment d'Artillerie de Forteresse à Stenay (Meuse) où il occupe la fonction de chauffeur d'unité.
Fait prisonnier le 18 juin 1940 près de Toul, il est envoyé en captivité le 9 octobre suivant au camp de Bathern puis au camp d'Osnabrück où il travaille dans une usine à gaz. Le 26 août 1941, parvenant à sauter le mur de l'usine, il s'évade et regagne la France à vélo dérobé devant un café.
Dans la Résistance
De retour dans la ferme familiale à Grandfesnoy (rue de Sacy), le 6 septembre, le bras paralysé par les efforts et ne pesant plus que 45 kilos. Il parvient à se faire démobiliser à Compiègne grâce à l'aide du personnel et du commandant du centre.
S'il songe à gagner Londres, il renonce et entre dans le réseau d'étudiants de l'Ecole Normale de la d'Ulm par l'intermédiaire de son cousin. Il réalise ainsi une centaine de fausses cartes d'identité pour des réfractaires.
Il entre aussi dans le réseau Kummel du BCRA, devient agent P1, et participe au sauvetage d'une cinquantaine d'aviateurs alliés avec son contact Patrick.
En juin 1942, il rejoint l'OCM via Roland Delnef et rencontre Jules Lefèvre. Envoyé comme chef de culture à Rémérangles chez l'agriculteur Delache, il recueille des renseignements sur l'aérodrome allemand de Beauvais-Tillé.
Fin 1943, il retrouve l"exploitation familale de Grandfresnoy après avoir erré entre Venette et Montdidier. Toute la famille Pinel participe à l'hébergement d'aviateurs alliés parachutés et aide à la cache d'enfants juifs. Il est chargé de liaison entre les secteurs au guidon de sa moto.
En juillet 1944, deux des trois officiers américains de la mission Beggar(OSS), parachutés en avril 1944, passent ainsi dans la ferme. Il s'agit de Jeannot ( Raphaël Beugnon) et du radio Bernard (Maurice Martin). Les deux postes émetteur sont cachés dans la ferme. René Pinel participe à de nombreux coups de mains et sabotages (pose de crève-pneux, coupures de câbles téléphoniques, explosion de voies ferrées) notamment celui de l'usine Englebert à Clairoix dans la nuit du 22 au 23 juillet 1944.
Responsable du groupe OCM de Grandfresnoy, il mène des opérations avec notamment Louis Lestrillard, Rober Ruffier, Elie Bombars, Eugène Wingerter, Jean Capln, Raymond Virmaud, Jean-Baptiste de Backer.
Le 26 août 1944, les Allemands lui subtilisent sa moto. Il entre alors en clandestinité avec son équipe au château du Fayel. Son groupe revendique 34 tués , 10 blessés et 22 prisonniers allemands.
Reconnu responsable FFI du sous-secteur Nord de l'Oise, il devient président du Comité Local de Libération.
L'après-guerre
Il s'engage en novembre 1944 dans l'armée pour la durée de la guerre et participe avec le 67e RI à la réduction de la poche de Dunkerque sous les ordres du commandant Bouquerel.
De retour à la vie civile, il se marie en 1947 et prend ses distances avec le monde de la Résistance.
Pour son action dans la Résistance, René Pinel se voit remettre un trophée de guerre par l'armée américaine : un char, qui restera longtemps dans une grange de la ferme. Il reçoit la Croix de guerre 1939/1945, la médaille des évadés, la médaille des engagés volontaires et la Medal of Freedom. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1967.
Il décède le 2 mai 2002.
Sources
BESSE Jean-Pierre, Mémoire de la résistance dans l'Oise, l'exemple de René Pinel à Grandfresnoy (1915-2002), in Annales historiques compiégnoises n°95, 2004, p.55.
LENOIR Pascal, René Pinel, in La revue du Pays d'Estrées n°10, 2004.
Témoignage de Catherine Pinel.