Plainval

Le camp de Plainval
par Jean-Yves Bonnard

Si le décret-loi du 12 novembre 1938 prévoit l’internement des « étrangers indésirables », le décret-loi du 18 novembre 1939 étend les mesures répressives : "Les individus dangereux pour la défense nationale ou pour la sécurité publique peuvent, sur décision du préfet, être éloignés par l’autorité militaire des lieux où ils résident et, en cas de nécessité, être astreints à résider dans un centre désigné par décision du ministre de la Défense nationale et de la Guerre et du ministre de l’Intérieur".

C’est ainsi qu’est ouvert à Plainval (près de Saint-Just-en-Chaussée) un Centre de Rassemblement des Étrangers, placé sous la surveillance des autorités militaires de la 2e Région.
Actif entre novembre 1939 et mai 1940, le CRE est établi dans la ferme de Lèvremont et regroupe des ressortissants des pays en guerre contre la France, notamment des Allemands et Autrichiens opposants au régime nazi ou ayant fui les persécutions antisémites. Ces derniers sont détenus dans des conditions très rudimentaires dans des bergeries sans eau ni électricité. 
Le site est aussi un centre de séjour surveillé pour des internés administratifs français, notamment des communistes.
Courrier adressé à un interné du camp de Plainval, le  14 novembre 1939.

Selon la préfecture de l'Oise, le camp serait replié à Saint-Sulpice (près de Noailles) fin mai 1940. D'autres sources indiquent qu'ils auraient été transférés fin mars 1940 dans les camps du sud du pays. Le communiste Gustave Prothais, par exemple, interné administratif depuis le 22 avril 1940, est évacué sur le Centre de séjour surveillé pour indésirables français installé dans le château de Sablou (Dordogne).

Les détenus de Plainval auraient été remplacés par des aviateurs allemands faits prisonniers. En décembre 1940, la préfecture de l'Oise sera interrogée par la Feldkommandantur d'Amiens pour connaître le devenir des étrangers du département de la Somme.
A droite du pigeonnier, les quatre bergeries
réquisitionnées pour le CRE.

Ressortissants allemands internés au camp de Plainval
recherchés par la Feldkommandantur d'Amiens en décembre 1940
- STETTMEIER Partin, né le 28 janvier 1887 à New-York (EUA), domicilié à Corbie (Somme),
- PIESARECK Hermann, né le 10 janvier 1895 à Gorlitz, domicilié à Corbie (Somme),
- TRITSCH Otto, né le 2 juillet 1913 à Dumerscheim, domicilié à Poix (Somme).

Internés administratifs français internés au camp de Plainval

- PROTHAIS Gustave, né le 11 décembre 1887 à Etouy (Oise), domicilié à Fitz-James.

Share by: