Le réseau Jean-Marie dans l'Oise

notice créée par Jean-Pierre Besse le 20 juin 2003, mise à jour le 14 décembre 2025


Le réseau Jean-Marie Action ou Jean-Marie Donkeyman

Le réseau Jean-Marie Donkeyman est imaginé en décembre 1942 par Henri Frager (alias Paul), suite à sa mésentente avec André Girard, chef du réseau Carte fondé en 1940, dont il est l'adjoint. Il appartient à la section F-Buckmaster elle-même sous le commandement du Special Operations Executive (SOE) britannique.

Frager recrute dans les membres du réseau Carte et étend des ramifications à Paris, Meudon, l'Yonne et l'Oise, principalement dans la région de Compiègne et de Noyon. Il est difficile de connaître la date de sa naissance localement.


La première trace dans l'Oise : l'opération Jockey/Playwright

Tandis que le réseau Carte est en pleine crise suite à son infiltration par l'Abwerh, un premier lien avec l'Oise se fait par une opération pick-up. Dans la nuit du 23 au 24 mars 1943, un Lysander piloté par Hugh Verity (RAF- 161 Sqn) dépose  sur un terrain situé près d'Estrées-Saint-Denis deux officiers du SOE : Francis Cammaerts (alias Roger et Jockey), désigné pour être l'adjoint de Frager à la tête de Donkeyman, et Georges Duboudin (alias Alain, Playwright  et John George Dolan). Il repart aussitôt, emportant vers Londres, Henri Frager et Peter Churchill, officier britannique affecté au SOE.


Le parachutage de Champlieu

Selon André Pons, c'est en avril 1943 qu'il est contacté par Marcel Ptchlinseef pour entrer à Jean-Marie.

Toujours est-il que ce réseau a une direction bicéphale dans l'Oise : André Dumontois, alias "Jean" de Noyon, et André Pons, alias "Ken". Il unit, en fait, en une étroite collaboration les FTP du détachement Kellermann et les groupes formés sur Compiègne par André Pons.

Ce dernier crée un groupe de sabotage et d'action, le groupe Bleuets et un groupe de renseignement dirigés par Jules Lefèvre. Un groupe est aussi constitué à Béthisy-Saint-Pierre autour de Fulbert Bombars.

Ce sont ces hommes et ceux de Dumontois qui réalisent les sabotages de la voie ferrée à Pimprez (février 1943) et à Baboeuf (mai 1943), et reçoivent le parachutage de Champlieu ( juin 1943).


Démantèlement

En mission à Paris, André Dumontois est arrêté le 6 juillet 1943. Dans les jours qui suivent, le groupe de Compiègne est démantelé. Les armes cachées à la Faisanderie, où le Secours national est installé, et chez Madame Boissonnet, qui tient une pension de famille au 6 rue E. Dubloc, sont récupérées. Une bonne partie des agents arrêtés sont par la suite déportés (Suzanne Boissonnet, François Camus, André Coteret, Jacques Deflers, Christian Desseaux, Alfred Mousset, Jean-Michel Picq, Emile Rossi). Une souricière tendue à la maison de Suzanne Boissonnet permet l'arrestation d'un agent de liaison avec la direction nationale, Marcel Renard dit "Le Bouc" de son vrai nom André Guénin.

André Pons, lui aussi en mission à Paris, échappe à l'arrestation et poursuit ses activités de Résistance dans le Centre de la France, Marcel Ptchlinseef poursuit, lui, la Résistance dans l'Est de la France. Arrêté en janvier 1944, torturé à la prison de Metz (Moselle), il est libéré à la Libération de la ville mais meurt peu de temps après, des suites de son internement, le 23 août 1944.


Sources :

AD Oise, 89 W 10 913 - AD Oise, 1 232 W 259 - Archives Jean-Pierre Besse, publication, presse locale, documents remis par des résistants - Témoignage: Archives Jean-Pierre Besse, Dumontois René, non datable, témoignages - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Pons André, 20 avril 2000, enregistrement cassette audio - ANACR-Oise, Ils ont fait le sacrifice de leur vie, le prix de la liberté dans l'Oise, 1940-1945, Balinghem, ANACR-Oise, 2002, 264p .

Henri Frager (1897-1944)


Né à Paris le 3 mars 1897, ancien combattant de la Première Guerre mondiale, cet architecte à Nice puis à Paris est de nouveau mobilisé en 1939. Libéré de ses obligations militaires, il entre en contact avec André Girard qui le recrute comme officier d'état-major dans le réseau Carte. Il est à Londres en juillet 1942 puis en mars-avril 1943. Tandis que Girard est écarté, Frager se voit chargé de la zone Nord de Carte devenu Jean-Marie.

Le réseau est cependant connu des Allemands : plusieurs de ses agents arrêtés par l'Abwehr sont relâchés en contrepartie de le renseigner. 

Frager est arrêté le 8 août 1944, déporté et fusillé le 5 octobre suivant.

Quatre membres du réseau Jean-Marie

reçoivent la croix de guerre en mai 1960.

De gauche à droite : Jacques Deflers, Fulbert Bombars,

Jean-Michel Picq et Fernand Goret

Remise de la Légion d'honneur à madame André Dumontois

(pour son mari à titre posthume) et à André Pons en mai 1960