Le réseau Prosper

 par Jean-Pierre Besse

Un réseau dirigé par le major Francis Suttil

Le réseau Prosper est un réseau du SOE dirigé par le major Francis Alfred Suttil, parachuté près de Vendôme, le 1er octobre 1942, en compagnie de Jean Amps, un jockey français qui a souvent couru à Beauvais, Compiègne et Chantilly.

Suttil est né à Lille d'un père anglais et d'une mère française.

En juin 1943, le réseau couvre douze départements répartis en sept secteurs. Le secteur 2, qui couvre l'Est du département de l'Oise, est dirigé par Marcel Sailly ; le secteur 3 qui couvre l'Est de l'Eure et l'Ouest de l'Oise est dirigé par George Darling.

Il a préparé 33 terrains de parachutage et reçu 254 containers. A son propos, Henri Noguères écrit : "Le réseau Prosper semble donc, en ce printemps de 1943, être bien parti pour demeurer longtemps la pièce maîtresse de Buckmaster en zone Nord".

De fait, Prosper reçoit pas moins de 190 containers à la lune de juin ce qui, pour un seul réseau et une seule lune, est un record absolu. Il grossit aussi trop vite, sans toujours respecter les règles les plus élémentaires de sécurité.

Le groupe Darling

Dans le Vexin, un groupe est organisé dès octobre 1942 autour de George Darling et Albert Forcinal.

Selon les archives du SOE, George Darling reçoit cinq parachutages entre février et juin 1943.

- nuit du 25 au 26 février, 3 containers

- nuit du 20 au 21 avril, 5 containers

- nuit du 13 au 14 mai, 10 containers

- nuit du 17 au 18 mai, 17 containers

- nuit du 14 au 15 juin, 10 containers

Une autre source donne six parachutages :

- à Flavacourt le 10 février 1943, deux postes émetteurs et trois gros containers

- à Neaufles (dans l'Eure) en avril

- à Trie-Château le 15 mai, 12 containers

- à La Landelle en mai, 10 containers, deux postes émetteurs

- à Trie-Château (le 15 juin, 10 cylindres)

- à La Landelle en juin.

Le démantèlement du réseau

Le major Suttil est arrêté à Paris le 24 juin. Renée Guépin, l'adjointe de Darling, échappe à l'arrestation.

Le 26 juin, Darling est trompé par de faux résistants venus récupérer les armes dans le Bois de l'Etoile où elles sont cachées depuis le récent parachutage. Il s'aperçoit qu'il s'agit d'agents français de la Gestapo et tente de s'enfuir mais, grièvement blessé, il meurt le lendemain à l'hôpital de Gisors.

Durant les semaines qui suivent, le réseau est complètement démantelé. Vingt personnes sont arrêtées entre le 24 et le 30 juin, parmi elles, des membres du réseau liés aussi au BOA et à l'OCM et qui avaient participé au parachutage de Lhéraule. Quatre autres personnes sont arrêtées en août.

Dix-neuf membres du réseau sont déportés, quatorze sont morts en déportation.

Trois membres du réseau ont échappé aux arrestations. Renée Guépin poursuit la Résistance dans le Nord de la France avant d'être arrêtée, à Paris, en janvier 1944 puis déportée.