Organisation Spéciale

L'Organisation spéciale
par Jean-Pierre Besse

Créée en 1941, l'Organisation spéciale (OS) a pour mission d'engager la lutte armée contre l'armée allemande. Composée uniquement de membres du Parti communiste ou des Jeunesses communistes, elle a à son actif les premiers attentats contre les soldats allemands, ce qui déclenche de la part des forces d'Occupation les exécutions d'otages (environ 1 200 entre septembre 1941 et septembre 1942).
Dans l'Oise, la création des premiers groupes armés est à mettre à l'actif de Marcel Deneux. C'est principalement dans la région de Liancourt, le Bassin creillois et la région de Compiègne que l'Organisation spéciale est active. Elle réalise les opérations du 1er mai 1942, le sabotage de l'usine Desnoyers à Laigneville en juin et la tentative de déraillement d'un train à Sarron en août 1942.
Les responsables de l'OS sont Marcel Deneux, Georges Decock et Robert Georgelin, après l'arrestation et l'évasion de Georges Decock.
Suite à l'échec de la tentative de sabotage à Sarron, l'Organisation spéciale est démantelée, seul Georgelin échappe à la répression mais déjà les premiers groupes de FTP sont en voie de création à Chambly, Montataire et dans la région de Noyon.


Sources :
AD Oise, 33 W 8 254 et 33 W 8 254 bis - AD Oise, 33 W 8 351 - AD Oise, 33 W 8253 bis - Besse Jean-Pierre, L'Oise septembre 1940 - septembre 1944, Gouvieux, 1994, 218p.

Liens:
•  Les Francs-Tireurs et Partisans
•  Le sabotage de Sarron
L'Organisation spéciale Creil-Compiègne (1942)
Par Jean-Pierre Besse

Deux jours après l’attentat de Sarron et l’arrestation de Jacques Bourgeois, le 15 août 1942, deux gendarmes de la Feldgendarmerie de Creil arrêtent, chez Monsieur Verlest à Senlis, un ouvrier requis, Claude Leroy. Né à Compiègne le 24 mai 1924, margeur, ce dernier est remis aux autorités françaises.
Selon un rapport, Claude Leroy est l’un des responsables des Jeunesses communistes dans l’Oise, il est « au-dessus de Georgelin et au-dessous de Genest ». Cela semble en contradiction avec un autre rapport qui donne comme triangle de direction des Jeunesses communistes : Georgelin (responsable politique), Maurice Toubance (responsable du travail), Marcel
Letort (responsable à la propagande) : information confirmée par le témoignage oral de Marcel Letort.
A partir du 4 septembre 1942, les arrestations se multiplient dans toute la vallée de l’Oise, entre Creil et Compiègne.
Un rapport parle de 26 individus déférés au parquet fin septembre, un autre de 29 arrestations dont le chef du secteur A (Leroy) et du secteur B (Roger) de l’Oise ; le responsable régional de l’OS dans l’Oise serait en fuite, ce qui confirme le rôle de Georgelin.
Nous avons dénombré au total 44 arrestations : 2 en août, 30 en septembre, 4 en octobre et 8 à une date inconnue (septembre ou octobre). Parmi ces arrestations, celles de deux employés SNCF originaires de l’Eure-et-Loir, mais ces arrestations semblent liées à une autre affaire (celle de la valise de tracts de la gare de Montataire en juillet) et tout laisse penser qu’il s’agit là de responsables interrégionaux.
Sur les 42 Oisiens, il y a deux femmes. Tous sont des ouvriers métallurgistes ou des ouvriers de chez Kuhlmann à Villers-Saint-Paul sauf trois (un ouvrier agricole, un bûcheron et un marchand forain).
La jeunesse de ces résistants est confirmée : 42,5% ont mois de 22 ans et 70 % ont moins de 30 ans. La présence de militants plus âgés prouve qu’il ne s’agit pas uniquement des Jeunesses communistes.
Trente-neuf sont déférés en janvier, mars et juillet 1943, devant la section spéciale de la cour d’appel d’Amiens.
Un a été déporté dès novembre 1942 (Roger Visse), un s’est évadé de Compiègne (Marius Dutriaux), un seul n’est pas traduit en justice. Les peines prononcées vont des travaux forcés à perpétuité à un an de prison sans compter les peines d’amende. Un seul est relaxé (Marcel Landry).
Seize sont transférés à la centrale d’Eysses, en décembre 1943, avant d’être déportés à Dachau, sauf Jacques Chevallier trop malade pour être transporté. Cinq sont libérés lors de l’opération Jéricho, en février 1944, sur la prison d’Amiens, neuf sont déportés dans un autre camp de déportation que Dachau. Maurice Toubance est interné à Melun, puis à la Santé d’où il est libéré par l’insurrection parisienne. Nous ne connaissons pas le parcours de cinq d’entre eux.
L’âge de ces résistants explique sans doute leur survie, neuf sont morts dans les camps (le tiers de ceux qui furent déportés).

Sources :
AD Oise, 33 W 8 351 - AD Oise, 33 W 8 353 bis - AD Oise, 33 W 8 354 - AD Oise, 1232 W 306.

Roger Russeil, Archives départementales Yvelines, 1 369 W 37.


Marcel Letort, Archives départementales Yvelines, 1 369 W 37.


Claude Leroy, carte cd'identité,
Archives départementales Yvelines, 1 369 W 37.

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